Une dizaine de jours après la découverte inquiétante de centaines de sardines mortes à Yaté, les analyses menées par les autorités provinciales n’ont pas permis d’identifier une cause précise. L’hypothèse d’un manque d’oxygène dans l’eau, lié à des conditions météorologiques défavorables, reste privilégiée.
Un phénomène récurrent, mais toujours inexpliqué
Le 26 mai dernier, des habitants de Yaté ont signalé la présence d’un nombre important de poissons morts près de l’embouchure de la rivière Waho, dans la zone de Wepeu. Rapidement alertées, les autorités ont mené des prélèvements d’eau et de poissons, confiés au Laboratoire de la Nouvelle-Calédonie.
Aucune trace de pollution ou d’anomalie significative n’a été détectée sur place, ni à la station d’épuration de la commune, ni à l’usine du Sud, explique le chef du service de gestion et préservation des ressources à la Direction du développement durable des territoires (DDDT).
Les analyses réalisées par la Davar (Direction des affaires vétérinaires, alimentaires et rurales) n’ont pas non plus permis d’établir un lien avec une intoxication ou une maladie.
La piste d’une hypoxie soudaine
En l’absence de preuves d’une pollution ou d’une contamination, les experts penchent pour un phénomène naturel.
Chez les sardines, une chute brutale du taux d’oxygène dissous dans l’eau peut provoquer un stress intense et une mortalité massive, précise la DDDT
Ce scénario a déjà été observé dans le même secteur en 2015 et 2016, lors de périodes de fortes chaleurs combinées à de grandes marées basses. Ces conditions peuvent entraîner un confinement des bancs de poissons dans des eaux peu profondes et mal oxygénées.
Aucune espèce protégée concernée
L’enquête préliminaire ouverte par le parquet n’a révélé aucune mortalité d’espèces menacées. Seules les sardines semblent avoir été affectées, ce qui renforce l’hypothèse d’un événement localisé et non d’une catastrophe écologique plus large.
De nouvelles analyses ne sont pas prévues pour le moment, considérant que les investigations actuelles suffisent à écarter une cause humaine.
Un phénomène sous surveillance
La région de Yaté, bien que moins touchée que le Grand Sud par l’exploitation minière, n’échappe pas aux impacts environnementaux. Les anciens sites miniers, notamment ceux liés au chrome et au nickel, laissent persister des risques de contamination des sols et des cours d’eau par les métaux lourds. L’érosion accélérée due à l’extraction passée menace également la biodiversité terrestre et marine, notamment dans la zone du lac de Yaté, où le ruissellement des particules minérales peut affecter les écosystèmes aquatiques. Bien que moins médiatisés que dans d’autres régions, ces problèmes soulignent la nécessité d’une réhabilitation minutieuse des sites et d’une surveillance accrue des rejets, dans une zone pourtant considérée comme un joyau naturel calédonien.
Si cet épisode ne semble pas lié à une activité industrielle ou à une négligence humaine, il rappelle la fragilité des écosystèmes côtiers face aux variations climatiques. Les autorités restent vigilantes, mais aucune mesure supplémentaire n’a été annoncée.
En l’état actuel des connaissances, la mortalité des sardines de Yaté s’inscrirait dans un phénomène naturel récurrent. Pour les scientifiques, ces événements pourraient devenir plus fréquents avec le réchauffement climatique, nécessitant une surveillance accrue des zones sensibles.