À quelques semaines d’un nouveau round de négociations sous l’égide d’Emmanuel Macron, deux voix loyalistes – celles de Sonia Backès et Nicolas Metzdorf – dénoncent un changement profond de la nature du combat indépendantiste, et pointent les impasses d’un modèle incapable d’assurer le développement économique du pays.
Un combat idéologique en mutation
De retour de l’ONU, Sonia Backès, présidente de la province Sud, livre un constat sans détour : le combat indépendantiste ne cherche plus l’égalité mais la revanche. S’inspirant du discours mondial du “Global South”, cette nouvelle ligne n’a plus pour but une reconnaissance dans la République, mais la substitution d’une domination par une autre.
D’un combat pour l’égalité, nous sommes passés pour une partie des indépendantistes à un combat pour la domination.
Dans une déclaration relayée par la chaîne M6, un membre de la CCAT va jusqu’à poser les conditions de l’acceptation sur le sol calédonien :
Tu viens, tu apprends les us et coutumes, tu t’appropries notre coutume à nous.
Une logique ethnique assumée, où l’intégration passe par la soumission culturelle.
Pour Sonia Backès, cette dérive s’inscrit dans un rejet global de la civilisation occidentale, camouflé derrière une rhétorique anticoloniale.
Nous ne sommes plus dans une recherche d’égalité, mais dans une quête de revanche.
Le foncier, angle mort du développement
Nicolas Metzdorf, député de la 1ère circonscription, éclaire quant à lui un autre pilier du blocage calédonien : l’immobilisme foncier. À travers l’exemple du conflit de Touho, il démontre que l’absence de cadastre coutumier empêche toute sécurité juridique et freine le développement économique de l’intérieur.
Aucun progrès économique ou social ne peut émerger d’un régime foncier incertain et sujet à revendications.
Alors que l’Accord de Nouméa prévoyait dès 1998 la clarification du foncier coutumier, rien n’a été fait en 27 ans. Résultat : instabilité, déplacements de familles, projets abandonnés, investisseurs découragés. La côte Est, vidée de son activité, incarne selon lui l’échec du rééquilibrage.
Le cadastre, instauré sous Napoléon en 1807, visait à garantir la stabilité des droits de propriété. Ce socle est inexistant sur 84 % du territoire calédonien.
Deux angles, une même vérité
Derrière les constats de Backès et Metzdorf, une même lecture émerge : le blocage calédonien n’est plus d’ordre institutionnel ou culturel, il est devenu idéologique et structurel. Entre ceux qui veulent imposer un pouvoir fondé sur l’ethnicité, et ceux qui refusent d’ouvrir leur terre au développement, le projet commun calédonien est en train d’être étouffé.
Ce nouvel éclairage devra être pris en compte dans la prochaine séquence,
avertit Sonia Backès.
À la veille de la réunion de Paris du 2 juillet, cette convergence de vues marque une volonté forte du camp loyaliste : remettre l’égalité républicaine, la sécurité foncière et l’ouverture économique au centre du débat. Et rompre, une fois pour toutes, avec les faux-semblants qui masquent une volonté d’exclusion.