Inflation, énergie, alimentation
Des hausses invisibles… sauf pour les plus modestes
Sur le papier, tout semble sous contrôle. Entre mai 2024 et avril 2025, l’inflation en Nouvelle-Calédonie est restée contenue : +1,8 % en moyenne pour l’ensemble des ménages. Un chiffre raisonnable… sauf qu’il masque une autre réalité : les 20 % des ménages les plus modestes ont vu leurs dépenses bondir de +3,8 % sur la même période.
Cette différence s’explique simplement : ceux qui ont le moins dépensent davantage dans les postes qui ont le plus augmenté, comme l’alimentation, l’énergie et les services essentiels.
L’alimentation flambe, mois après mois
C’est le poste de dépense qui a le plus pesé sur les portefeuilles. Après une envolée record en juin 2024 (+3,7 % en un mois), la tendance ne s’est jamais vraiment calmée. Les hausses s’enchaînent : +1,5 % en janvier, +0,5 % en mars, encore +0,1 % en avril. Résultat : une inflation alimentaire de +5 à +7 % sur l’année.
Parmi les produits les plus touchés :
Les légumes, affectés par une sécheresse prolongée,
Les boissons sucrées, visées par la taxe sucre entrée en vigueur en septembre 2024,
Les produits laitiers, huiles et poissons, tous en hausse quasi continue.
Et cela s’explique. Les émeutes de mai 2024 ont désorganisé durablement la logistique et détruit de nombreux commerces. Résultat : rupture d’approvisionnement, rareté de certains produits, explosion des coûts pour les détaillants.
Une facture énergétique et sociale de plus en plus lourde
Autre poste très sensible : l’énergie. Depuis mi-2024, les prix du gazole, de l’essence et du gaz n’ont cessé d’augmenter. À cela s’ajoute une hausse programmée de l’électricité, votée par le Congrès. Résultat : une facture énergétique plus lourde, qui pèse surtout sur les familles modestes.
Mais cette pression ne s’arrête pas là. Dans les services publics, les effets des émeutes de mai 2024 se font clairement sentir. Pourquoi ? Parce qu’une partie des budgets a dû être redéployée pour réparer, sécuriser ou compenser ce qui a été détruit. Les collectivités ont serré les boulons… et c’est l’usager qui paie.
Conséquence :
Transports scolaires et urbains : explosion des tarifs, +39,5 % début 2025, avec des hausses sur le ramassage scolaire et les bus.
Cantines scolaires : +24,5 % après la révision des tarifs boursiers.
Assurances santé, garderies, services médicaux : des hausses plus discrètes mais continues, sur les consultations, les tarifs paramédicaux ou les frais de garde.
En clair : les émeutes ont eu un effet boomerang. Ce qui a été brûlé ou bloqué hier se paie aujourd’hui sur les factures, dans les assiettes et sur les bulletins scolaires.
L’année économique 2024-2025 en Nouvelle-Calédonie
Ce n’est pas une inflation “normale” liée à la croissance. C’est une inflation subie, inégalitaire, aggravée par des chocs politiques, climatiques et logistiques.
Inflation globale contenue (1,8 %), mais ressentie comme étouffante par les foyers modestes (+3,8 %)
Explosion du coût alimentaire : climat, crise et fiscalité en cause
Énergie plus chère, partiellement par choix politique
Baisse des prix manufacturés, mais qui ne compense rien dans le quotidien
Pouvoir d’achat globalement en recul