En dépit de lourdes difficultés financières, le Conservatoire des Arts maintient ses activités et prépare deux grands événements musicaux à Nouméa.
Une institution culturelle sous pression financière
Le Conservatoire des Arts de Nouvelle-Calédonie traverse une période délicate. La crise économique, aggravée par les émeutes de 2024, a lourdement affecté son fonctionnement. À la fin de l’année dernière, l’institution a enregistré d’importants manquements dans les financements publics, notamment de la part de certaines collectivités. La non-participation de la province Nord pour l’année 2025 a accentué le déficit, entraînant des coupes budgétaires majeures.
Ces difficultés ont notamment conduit à l’arrêt de la collaboration avec la structure en charge des antennes décentralisées, provoquant la fermeture de quatre antennes sur les sept existantes. Trois antennes ont pu être maintenues – à Koné, Mont-Dore et Païta – en urgence, grâce à des réajustements internes.C
C’est compliqué, mais je veux pas qu’ils arrêtent la musique.
— Caroline, 42 ans, mère de famille à Païta
Maintien des activités et adaptation sur le terrain
Malgré ce contexte contraint, le Conservatoire a réussi à maintenir ses activités principales à Nouméa. Les inscriptions sont restées élevées, preuve de l’intérêt constant du public, aussi bien chez les enfants que les adultes. Toutes les disciplines musicales sont toujours enseignées : musique classique, musiques actuelles, danse, et formation musicale. Des ajustements ont toutefois été nécessaires, avec la réduction ou l’interruption temporaire de certains cours, ainsi que la non-reconduction de plusieurs contrats de professeurs.
Le changement de nom, désormais Conservatoire des Arts de la Nouvelle-Calédonie, traduit également une volonté d’ouverture vers d’autres disciplines artistiques comme le théâtre, bien que ce projet ait été momentanément mis en pause.
J’ai commencé la guitare à 38 ans, et je suis toujours là. On sent que les équipes font le maximum malgré les moyens réduits. La musique, ça aide à tenir dans les moments durs.
— David, 41 ans, employé, Nouméa
Deux événements pour renouer avec le public
En parallèle de son activité pédagogique, le Conservatoire continue d’organiser des événements culturels pour tous les publics. Deux rendez-vous majeurs sont programmés :
- Le festival « Trompettes sur les airs », prévu pour le 28 juin 2025, se tiendra en une journée dans les jardins du Conservatoire. Il proposera plusieurs temps forts : conte musical, fanfare enfantine, concerts de cuivres, apéro-concert en plein air et soirée salsa. L’événement est accessible avec un pass unique équivalent au tarif d’un seul concert.
- La Nuit du Conservatoire, programmée le 9 juillet, marquera une première en Nouvelle-Calédonie. Inspirée d’un événement national, elle permettra au public de découvrir près de 20 mini-concerts à travers une déambulation dans l’établissement, ponctuée de moments dansés. L’entrée sera gratuite et les jardins seront spécialement illuminés pour l’occasion.
Résilience et engagement artistique
Malgré les réductions de moyens, le Conservatoire des Arts fait preuve de résilience. Il poursuit sa mission de transmission artistique, soutient l’éveil culturel des enfants comme des adultes, et s’efforce de préserver une vie musicale accessible à tous. Ces initiatives, couplées à une programmation vivante, témoignent d’un engagement fort envers la population calédonienne.
J’amène mes petits-enfants à chaque concert. C’est une bouffée d’air. Il faut absolument garder ces événements, c’est un lien essentiel entre les générations.
— Lucienne, 68 ans, retraitée à Dumbéa
L’institution espère désormais un soutien renouvelé des collectivités pour pouvoir relancer ses antennes fermées et pérenniser son action sur l’ensemble du territoire.