Deux semaines de doutes, un ministre en première ligne. La Nouvelle-Calédonie joue son avenir entre accords et tensions.
Le FLNKS dit non, l’État maintient le cap
En clôture de son quatrième séjour en Nouvelle-Calédonie, Manuel Valls a tenu à clarifier la ligne du gouvernement. Reçu par une délégation du FLNKS, il a entendu une nouvelle fois leur refus de l’accord de Bougival, signé le 12 juillet. Mais pour le ministre, cet accord reste incontournable : il apporte stabilité, relance économique et reconnaissance de l’identité kanak.
Je ne veux pas d’un accord sans le FLNKS, encore moins contre le FLNKS, mais c’est à lui de décider
a déclaré Valls. Il a insisté sur la création d’un État calédonien doté d’une loi fondamentale, d’une double nationalité, et habilité à exercer certaines compétences régaliennes transférées par étapes. Pour lui, revenir sur ces bases serait synonyme d’impasse politique et de retour au lendemain du troisième référendum.
Une décolonisation discutée, mais dans le cadre de Bougival
Face aux revendications indépendantistes, le ministre a rappelé que l’État reste ouvert à la discussion sur la décolonisation, les signes identitaires ou le nom du pays. Mais ces débats doivent s’inscrire dans la dynamique lancée par Bougival.
Il faut discuter à trois, comme l’avaient fait Tjibaou et Lafleur en 1988
a-t-il rappelé, soulignant que le dialogue doit associer toutes les composantes politiques et sociales, et pas seulement le FLNKS.
À ceux qui dénoncent une forme de chantage de l’État, Valls a répondu chiffres à l’appui : près de 358 milliards F CFP d’aides ont déjà été mobilisés depuis mai 2024, auxquels s’ajoutent de nouveaux soutiens pour la santé et l’aide alimentaire. La stabilité institutionnelle est pour lui la condition de la reconstruction : « Pas d’accord, pas de relance. »
Entre instabilité nationale et urgences locales
La chute possible du gouvernement Bayrou le 8 septembre suscite des interrogations. Valls a tenu à rassurer : sauf dissolution, le calendrier constitutionnel sera maintenu. Présentation du projet le 17 septembre, débats parlementaires en novembre et décembre, puis adoption attendue au Congrès de Versailles avant fin d’année.
Sur le terrain, l’urgence est ailleurs : hémorragie médicale, pauvreté des familles, crise du nickel. Le ministre a annoncé des mesures concrètes : financement de brigades de santé itinérantes avec l’Ordre de Malte, soutien à la Banque alimentaire, aide aux communes pour le transport et la cantine scolaire. Côté économie, il a appelé à sortir de la dépendance exclusive au nickel, en misant sur l’économie bleue, le tourisme et les services à la personne.
Pour Valls, la condition reste claire :
La Nouvelle-Calédonie doit être stable.
Sans stabilité politique, ni investisseurs ni repreneurs ne viendront sauver le secteur minier ni bâtir un avenir durable.