Un dispositif citoyen encore méconnu commence à faire bouger les lignes. Le CESE-NC a été saisi ce lundi de deux pétitions aux accents révélateurs de notre société.
La jeunesse calédonienne face à ses contradictions
Ce lundi 1er septembre, le Conseil économique, social et environnemental de Nouvelle-Calédonie (CESE-NC) a officiellement reçu une auto-saisine sur la jeunesse. Le texte, soutenu par plusieurs citoyens, pose une question simple et brutale : « Que savons-nous réellement de notre jeunesse ? ».
Son auteur reconnaît que l’échec d’une partie des jeunes à franchir le cap vers l’âge adulte est imputable à la société. Mais il insiste aussi sur une réalité trop souvent oubliée : la réussite de la majorité de cette jeunesse est, elle aussi, le fruit de cette même société.
Autrement dit, tout n’est pas noir. Si certains jeunes décrochent, beaucoup réussissent grâce aux repères transmis par les familles, l’école et le travail. Cette vision équilibrée tranche avec le discours victimisant dominant, qui tend à accabler « le système » sans valoriser les réussites. C’est un appel clair à ne pas réduire la jeunesse calédonienne à ses difficultés, mais à reconnaître aussi ses forces.
Les indemnités des élus dans le viseur des citoyens
La deuxième pétition reçue par le CESE-NC frappe encore plus fort. Son auteur dénonce des indemnités jugées indécentes au regard du niveau de vie du peuple. La proposition est limpide : ramener la rémunération des élus au salaire médian du secteur privé, pour prouver leur solidarité.
Dans un contexte économique tendu, où les familles peinent à joindre les deux bouts, cette exigence rencontre un écho puissant. Il est en effet difficilement justifiable que certains élus et leurs collaborateurs continuent de percevoir des rémunérations confortables, largement supérieures à celles de la majorité des Calédoniens. La politique doit être un service, non une rente. Réclamer une baisse des indemnités, c’est rappeler que la représentation politique doit rester au service du peuple, et non l’inverse.
La démocratie participative entre dans les faits
Ces deux pétitions illustrent l’intérêt du nouveau dispositif lancé en mars 2025 par le CESE-NC. Via la plateforme petitions.cese.nc, chaque citoyen majeur peut proposer ou soutenir une pétition. Pour être prise en compte, elle doit réunir 400 signatures en deux mois. Un groupe de travail vérifie ensuite la conformité avant que la pétition soit examinée par le bureau du Conseil. Les sujets validés donnent lieu à des travaux en commission et débouchent sur des vœux citoyens adressés aux élus.
Jean-Louis d’Anglebermes, président du CESE-NC, a rappelé que l’ambition est :
d’élargir le débat démocratique au-delà des élections.
Ce rôle de lanceur d’alerte citoyen n’est pas décisionnel, mais il oblige les élus à entendre la société civile. Le message est clair : les Calédoniens ne veulent plus rester spectateurs, ils veulent agir et peser sur les décisions.
En donnant la parole à la jeunesse et en interpellant directement les élus sur leurs indemnités, les pétitions reçues par le CESE-NC ouvrent un débat salutaire. Loin des postures idéologiques, elles rappellent que l’avenir de la Nouvelle-Calédonie se joue autant dans l’éducation de ses enfants que dans l’exemplarité de ses représentants.