Un simple mot qui fait trembler Pékin
En répondant à un député d’opposition, la Première ministre japonaise Sanae Takaichi a créé un véritable séisme diplomatique. Interrogée sur les « situations menaçant la survie » du Japon, elle a cité l’exemple d’une offensive chinoise sur Taïwan, ajoutant qu’un blocus ou une attaque contre des navires américains pourrait pousser Tokyo à intervenir militairement. Une déclaration rare : jusqu’ici, aucun chef du gouvernement japonais n’avait osé mentionner Taïwan aussi directement dans ce contexte.
Quelques heures plus tard, Pékin déposait une protestation officielle, accusant Tokyo de violer l’accord de 1972, par lequel le Japon reconnaît la République populaire de Chine comme seul gouvernement légitime.
La fin du “silence stratégique” japonais
Depuis des décennies, Tokyo entretenait une ambiguïté stratégique : évoquer la défense sans jamais nommer Taïwan. En rompant ce tabou, Takaichi s’aligne davantage sur la doctrine américaine, qui prévoit une réaction militaire en cas d’attaque contre l’île démocratique.
Les propos de la cheffe du gouvernement ont immédiatement déclenché la fureur d’un diplomate chinois à Osaka, qui a publié sur X un message menaçant :
La tête sale qui se mêle doit être coupée.
Un tweet rapidement supprimé, mais jugé “extrêmement inapproprié” par Tokyo. La tension monte donc d’un cran entre les deux premières puissances économiques d’Asie, à peine un mois après la prise de fonction de Takaichi, connue pour ses positions nationalistes et pro-défense.
Taïwan, le maillon faible du Pacifique
La réaction chinoise s’explique aussi par la proximité géographique et stratégique de Taïwan : à seulement 110 km des côtes japonaises, l’île se situe sur une route maritime vitale pour l’économie nippone. En cas de guerre, un blocus chinois aurait des conséquences immédiates sur le commerce japonais et la sécurité de ses routes d’approvisionnement. La loi de 2015, adoptée malgré d’immenses manifestations, permet désormais au Japon d’utiliser ses forces d’autodéfense dans des cas de « survie nationale ».
En citant Taïwan, Takaichi redéfinit les lignes rouges du Japon. Pékin, de son côté, accuse Tokyo de s’ingérer dans ses affaires internes et redoute une alliance militaire encore plus étroite entre Washington et Tokyo.
Un tournant dans la politique asiatique
Derrière cet incident, c’est une reconfiguration stratégique majeure qui se joue. La Chine, déterminée à “reprendre” Taïwan d’ici 2027, observe avec inquiétude le durcissement japonais.
Le Japon, lui, se prépare à défendre son allié américain, quitte à rompre avec le pacifisme hérité de 1945.
Et dans un Pacifique déjà sous tension, les mots de Sanae Takaichi ne sont peut-être que le préambule d’une ère de confrontation ouverte entre la Chine et ses voisins.















