Sous le soleil calédonien, Naïma Moutchou poursuit sa tournée tambour battant. Entre recueillement républicain et réalités locales, la ministre affiche un cap clair : État, ordre et unité nationale.
Une journée chargée, entre hommage et autorité
Dès l’aube, Naïma Moutchou a ouvert sa quatrième journée sur le Caillou par un moment de recueillement solennel. Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, la cérémonie organisée dans les jardins du Haut-Commissariat a rappelé le prix du sang versé pour la liberté. Aux côtés des représentants de l’État, la ministre des Outre-mer a rendu hommage aux victimes du terrorisme islamiste, symbole d’une France unie face à la barbarie.
Quelques heures plus tard, cap sur le Camp-Est, l’établissement pénitentiaire le plus sensible du territoire un lieu symbole des difficultés du service public, mais aussi du courage des personnels. Malgré un passage bref, le contact avec les syndicats a été franc et respectueux. Les représentants ont fait part de leurs inquiétudes : un taux d’occupation de 150 %, quatre agressions de surveillants en un mois, et des moyens qui peinent à suivre la pression carcérale.
La ministre, attentive, a salué la détermination des agents et rappelé la nécessité de rétablir l’autorité et la sécurité dans les prisons, priorité assumée du gouvernement. Une approche réaliste, loin des discours victimaires : « Nos forces publiques méritent respect et reconnaissance », a-t-elle glissé avant de rejoindre l’aéroport.
Lifou, l’accueil des coutumiers et la voix des îles
À Lifou, l’ambiance change, mais l’intensité demeure. Chants, danses, sourires : la coutume de bienvenue a donné le ton d’une rencontre placée sous le signe du respect mutuel. Les grands chefs, émus, ont salué « celle qui a foulé la terre de leurs ancêtres ». Derrière la solennité coutumière, un message fort : affirmer l’identité kanak tout en dialoguant avec la République.
La ministre a répondu avec un sens rare du symbole :
Les mémoires s’additionnent, elles ne s’effacent pas. Il faut cesser les affrontements et reprendre le tissage, celui de la natte.
Une phrase qui résonne comme un appel à l’unité, à la réconciliation et au respect des traditions dans la République française.
Aux côtés de Mathias Waneux, président de la Province des Îles, Naïma Moutchou a écouté les doléances locales : un déficit budgétaire de 7 milliards de francs, le manque criant de soignants, et la « triple insularité » qui pèse sur le développement des Loyauté. Le président a appelé l’État à tenir les engagements de l’Accord de Nouméa et à accompagner la collectivité sans faille.
La ministre, sobre mais ferme, a rappelé l’essentiel : « Je suis venue car les îles ont besoin d’être entendues. » Pas de promesse hâtive, mais une présence incarnée. Le dialogue institutionnel s’est poursuivi avec les trois maires de Lifou, Maré et Ouvéa, dans une atmosphère constructive où les priorités économiques et sociales ont dominé les échanges.
Une visite à l’image d’une ligne politique : écoute, autorité, République
Cette visite à Lifou, écourtée par un emploi du temps dense, aura laissé une empreinte claire : celle d’une ministre de terrain, attachée à la France et respectueuse des identités locales.
Si elle n’a pu visiter la Maison de la vanille ni la Case du miel, Naïma Moutchou a tenu à échanger brièvement avec les responsables locaux, rappelant que le développement passe par la production, la discipline et la coopération.
Ce vendredi 14 novembre, la ministre poursuivra son séjour par une visite du lycée Petro Atiti, puis un échange avec les maires de Nouvelle-Calédonie à la résidence du Haut-Commissariat. Enfin, elle rencontrera les associations du quartier de Tindu, dans un geste de proximité politique assumé.
Aucun rendez-vous officiel n’est prévu ce vendredi après-midi, mais des échanges politiques de dernière minute pourraient encore se tenir avant son retour à Paris. Un séjour express, mais dense, à l’image d’une femme d’action qui veut réaffirmer la présence de l’État, écouter sans renoncer, et porter haut la voix d’une France forte et unie jusque dans le Pacifique.















