Face à la crise qui secoue le secteur minier, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie choisit la lucidité plutôt que l’idéologie.
Mercredi 26 novembre 2025, la collégialité a tranché : place à la continuité économique et à la défense des intérêts du pays.
La SMT, pilier des exportations, voit ses autorisations prolongées
Le fait est incontestable : la Société des Mines de La Tontouta (SMT) reste l’un des moteurs du secteur minier calédonien. Avec 668 000 tonnes humides exportées en 2024, soit 15 % des exportations totales, l’entreprise occupe une place stratégique.
Ses autorisations actuelles prévoient 950 000 tonnes vers la Chine jusqu’en janvier 2026 et 650 000 tonnes vers le Japon jusqu’en avril 2035.
Entre 2015 et 2025, la SMT a expédié 12,3 millions de tonnes de minerai, dont 52 % vers la Chine et 44 % vers le Japon. Mais depuis 2021, la demande japonaise s’effondre. Résultat : les exportations vers la Chine augmentent mécaniquement.
Pour éviter une chute brutale de son activité, le gouvernement lui avait accordé en 2024 une subrogation de 400 000 tonnes, permettant d’utiliser les quotas japonais inutilisés pour alimenter le marché chinois. Une flexibilité précieuse, même si elle n’a finalement pas été activée.
Cette logique pragmatique est reconduite jusqu’au 31 décembre 2026, avec un volume identique. Le gouvernement prolonge par ailleurs l’autorisation d’exportation vers la Chine jusqu’au 31 décembre 2030, confirmant une orientation claire : préserver l’emploi et la valeur ajoutée locale plutôt que céder aux discours idéologiques.
Selon les chiffres fournis, ces mesures permettent à la SMT d’évacuer ses stocks, de sécuriser ses débouchés et d’entretenir sa relation stratégique avec Glencore et ses clients chinois.
Dans un contexte de concurrence mondiale féroce, la Nouvelle-Calédonie choisit le réalisme.
La SMGM obtient une flexibilité vitale pour préserver 250 emplois directs
Deuxième dossier majeur : la Société Minière Georges Montagnat (SMGM).
Quatrième exportateur du pays en 2024 avec 362 000 tonnes, elle dispose d’autorisations cumulées de 1 055 000 tonnes vers le Japon. Problème : le Japon, là encore, réduit drastiquement ses commandes depuis 2022.
La SMGM a donc augmenté ses expéditions vers la Chine via Glencore International AG, dans le cadre d’une autorisation annuelle de 330 000 tonnes valable jusqu’à fin 2025.
Pour tenir le choc, le gouvernement avait déjà accordé, en octobre 2023, une subrogation de 250 000 tonnes du quota japonais vers la Chine. Prolongée en mai 2025, cette mesure avait démontré son efficacité.
Ce 26 novembre 2025, la décision tombe :
la subrogation est renouvelée jusqu’au 31 décembre 2026, portée à 550 000 tonnes, soit le quota d’origine augmenté des volumes autorisés en 2023.
La cession vers la Chine est, elle aussi, prolongée jusqu’au 31 décembre 2030.
Objectifs assumés :
– sécuriser les exportations de minerai à faible teneur ;
– maintenir l’activité des sites ;
– valoriser les ressources non transformables localement ;
– protéger près de 250 emplois directs, sans compter les sous-traitants ;
– garantir les recettes fiscales indispensables à la Nouvelle-Calédonie.
Dans un climat économique incertain, la droite rationnelle préfère sauver le réel plutôt que sacrifier les entreprises sur l’autel d’un discours militant anti-exportations.
Une ligne assumée, soutenue par les chiffres.
MKM : un renouvellement stratégique vers 2031 et 2035
Dernier volet de cette série d’autorisations : la société Maï Kouaoua Mines (MKM).
En 2024, elle a exporté 215 000 tonnes vers la Chine et la Corée du Sud, soit moins de 5 % du total calédonien.
Elle détient une autorisation de 385 000 tonnes via Glencore, arrivant à échéance en janvier 2026.
Le gouvernement a choisi le prolongement :
autorisation reconduite jusqu’au 9 janvier 2031, sans modification des volumes.
Là encore, la logique de stabilité prévaut.
Deuxième décision : le renouvellement de l’autorisation de cession vers PAMCO (Japon) jusqu’au 30 avril 2035.
Jusqu’à fin 2023, MKM bénéficiait d’un total de 475 000 tonnes, réparties entre un arrêté de 2013 (250 000 t) et un autre de 2015 (225 000 t).
Depuis 2024, seules les 225 000 tonnes étaient actives.
La collégialité décide de restaurer la capacité d’exportation complète en réintégrant les 250 000 tonnes de 2013.
Résultat : 450 000 tonnes de capacité totale, permettant à MKM de retrouver une stabilité commerciale indispensable.
Pour une filière essentielle, ces décisions ne relèvent pas de l’affichage : ce sont des mesures de survie économique, indispensables pour préserver les équilibres locaux.
À l’heure où certains voudraient sacrifier le nickel sur l’autel d’une vision politique déconnectée, le gouvernement calédonien choisit la responsabilité.
Il assume un cap :
– sécuriser les exportations ;
– protéger l’emploi ;
– préserver les recettes ;
– maintenir les relations avec les partenaires internationaux ;
– éviter l’effondrement d’un secteur déjà fragilisé.
Peu importe que les clients soient chinois ou japonais : le nerf de la guerre, ce sont les marchés.
Et la Nouvelle-Calédonie n’a pas le luxe de se couper de ses principaux acheteurs.
Cette séquence du 26 novembre 2025 marque une chose :
la fin du romantisme politique et le retour du réalisme économique.
Un choix assumé, cohérent et nécessaire.

















