J’ai allumé la radio pour comprendre la journée.
J’ai écouté. J’ai soupiré. J’ai compris que j’allais encore mal dormir.
J’ai entendu que l’économie allait mal.
Que c’était même critique.
Que la relance, elle, était partie prendre un congé de longue durée.
Ponga parlait budget.
Il parlait aide de l’État.
Il parlait décisions drastiques.
Moi, j’ai regardé mon frigo.
Il m’a regardé aussi.
On s’est compris.
Il disait que sans l’État, on allait couper partout.
Partout sauf l’essentiel.
Et que le reste deviendrait accessoire.
Comme mon optimisme.
J’ai appris que la Maison de la Nouvelle-Calédonie à Paris fermait.
Ou allait fermer.
Ou qu’on allait en parler avec délicatesse.
Parce que c’est toujours plus simple de parler après.
J’ai noté qu’Aircal coulait en silence.
Enfin non, pas en silence.
En milliards.
Et que sans décision il n’y aurait plus d’avion.
Juste des souvenirs et des escales imaginaires.
J’ai entendu que des gens mouraient en Polynésie.
Que la terre glissait.
Que la solidarité se mobilisait.
Et que les communiqués pleuraient à leur manière.
J’ai appris qu’une adolescente avait sauté.
Qu’un policier l’avait rattrapée.
Qu’ils avaient tous les deux été blessés.
J’ai baissé le son.
J’ai découvert qu’à Dumbéa on préparait déjà les municipales.
Avec des candidats sans étiquette.
Mais avec quand même une idée derrière la cravate.
J’ai noté que les prix ne montaient pas.
Mais qu’ils ne descendaient pas non plus.
Juste assez pour rester agaçants.
J’ai vu que le Black Friday battait son plein.
Que les gens souriaient devant -30 %.
Et pleuraient devant leur relevé bancaire.
J’ai appris que des matelots devenaient adultes en six semaines.
Que leurs parents étaient fiers.
Et que leur chambre était enfin rangée.
J’ai compris que tout le monde s’entraînait à gérer des crises.
Sauf nous.
Nous, on regarde.
On écoute.
On espère que ça passe.
Et au fond, j’ai compris un truc simple :
ici, on navigue entre urgence, discours et bons plans de fin de mois.
Avec le sourire obligatoire en prime.
Bref.

















