Une semaine, des choix lourds et zéro droit à l’erreur.
Au Congrès, chaque texte examiné cette semaine engage directement le quotidien, le portefeuille et l’avenir institutionnel des Calédoniens.
Une semaine parlementaire chargée au Congrès de la Nouvelle-Calédonie
Les conseillers du Congrès de la Nouvelle-Calédonie entament une séquence « parlementaire » dense, marquée par l’urgence sociale, les blocages structurels et l’incertitude budgétaire.
Dès le lundi 15 décembre 2025 à 14 heures, la commission de la législation et de la réglementation générales se réunit pour examiner deux propositions de résolution révélatrices des tensions actuelles.
La première porte sur la déclaration d’urgence sociale en Nouvelle-Calédonie et appelle à une stratégie commune de solidarité. Déposée le 1er juillet 2025 par Pierre-Chanel Tutugoro, elle traduit un constat partagé : le décrochage social n’est plus marginal ; il touche désormais des pans entiers de la population.
La seconde proposition vise la construction d’une voie de désenclavement du Sud de la commune du Mont-Dore. Un dossier ancien, souvent repoussé, mais devenu vital pour les habitants vivant au sud de la tribu de Saint-Louis (Mont-Dore Sud, Yaté), confrontés à l’isolement et aux risques sécuritaires. Ici, le temps politique a trop longtemps ignoré le temps des citoyens.
Fonction publique et retraites : des arbitrages sensibles
Le mardi 16 décembre à 9 heures, la commission de l’organisation administrative et de la fonction publique abordera des sujets socialement explosifs.
Sont prévues successivement l’audition des représentants de La Fédé, puis celle du syndicat des retraités territoriaux, avant l’examen du projet de délibération modifiant le taux de minoration des pensions de retraite.
Derrière cet ajustement technique se cache une réalité brutale : la soutenabilité du système de retraites territoriales. Le gouvernement n’a plus le luxe de repousser les décisions.
Dans un contexte de finances publiques dégradées, l’équilibre entre justice sociale et responsabilité budgétaire est désormais au cœur du débat. Aucun slogan ne pourra masquer l’arithmétique.
Budget 2026 : la menace d’une gestion sous contrainte
Le mercredi 17 décembre à 14 heures, la commission des finances et du budget examinera un projet de délibération transitoire, dans l’attente du vote du budget primitif 2026. Une réunion stratégique, car l’adoption tardive de la loi de finances de l’État conditionne directement la trajectoire calédonienne.
Faute de visibilité sur les appuis financiers de l’État pour 2026, la Nouvelle-Calédonie pourrait ne pas être en mesure d’adopter son budget avant le 31 décembre 2025.
Dans ce cas, l’article 84-1 de la loi organique s’appliquerait automatiquement à compter du 1er janvier 2026.
Concrètement, le président du gouvernement serait autorisé à engager les dépenses de fonctionnement par douzièmes, dans la limite des crédits 2025, et les dépenses d’investissement à hauteur d’un quart des montants précédents. Une gestion sous respiration artificielle, loin des besoins réels du pays.
La question de la Taxe générale sur la consommation (TGC) illustre ce risque. Sans délibération spécifique pour 2026, les reversements à certains organismes seraient bloqués.
Les conséquences seraient immédiates pour l’Agence sanitaire et sociale et pour l’Agence pour la desserte aérienne, mettant en péril la continuité de missions essentielles dès le premier trimestre.
Des reversements exceptionnels plafonnés sont donc proposés, fondés sur une planification de trésorerie stricte. Objectif affiché : éviter l’asphyxie sans ouvrir les vannes de la dépense.
Jeudi 18 décembre : le Congrès en séance publique
Point d’orgue de la semaine, le Congrès est convoqué en séance publique le jeudi 18 décembre dès 8 h 30. À l’ordre du jour, deux projets de lois du pays structurants : l’un sur la connectivité numérique, l’autre sur la réaffectation provisoire de la taxe sur l’électricité afin de sécuriser le système énergétique.
S’y ajoutent trois projets de délibération, dont la taxe pour le développement du tourisme de croisière, les orientations stratégiques en matière d’habitat et d’urbanisme, ainsi que le rapport de suivi des recommandations de la chambre territoriale des comptes.
Autant de textes qui rappellent une évidence trop souvent oubliée : gouverner, c’est prioriser.
Dans une Nouvelle-Calédonie confrontée à la contrainte financière, chaque décision engage plus que des lignes budgétaires : elle engage une vision du pays.


















