Palau et les Philippines accélèrent le rapprochement de leurs politiques de sécurité maritime. Pour ce petit État insulaire du Pacifique, cette dynamique répond à une réalité stratégique de plus en plus pressante : la montée en puissance de la Chine dans les espaces maritimes régionaux, au cœur des rivalités indo-pacifiques.
Situé à l’extrême ouest du Pacifique, Palau se trouve à proximité immédiate des Philippines, à la lisière de la mer de Chine méridionale, une zone devenue l’un des principaux foyers de tensions géopolitiques mondiales.
Palau en première ligne des rivalités indo-pacifiques
« Palau est la nation insulaire la plus occidentale du Pacifique. Nous partageons une frontière maritime avec les Philippines », a rappelé Jennifer Anson, coordinatrice nationale de la sécurité de Palau, lors du Dialogue de Manille sur la mer de Chine méridionale en novembre 2025.
Face aux revendications maritimes chinoises, qualifiées d’arbitraires par de nombreux États riverains, Palau craint un glissement progressif de ces tensions vers l’est. Pékin multiplie déjà les initiatives symboliques et cartographiques, notamment en nommant des reliefs sous-marins situés dans les zones proches des eaux paluanes.
Pour Manille, cette évolution fait écho à sa propre expérience en mer de Chine méridionale, marquée par des incidents répétés avec les forces chinoises. « Nous voyons la tendance », a averti le conseiller à la sécurité nationale philippin Eduardo Año.
Une coopération maritime devenue stratégique
Avec environ 17 000 habitants, Palau dispose de moyens limités pour surveiller ses plus de 300 îles et atolls, ainsi qu’une zone économique exclusive de près de 500 000 km². Le pays s’appuie déjà sur le soutien de partenaires comme les États-Unis et l’Australie pour lutter contre la pêche illégale et les crimes maritimes.
Palau appartient à la deuxième chaîne d’îles, un dispositif stratégique clé pour les États-Unis et leurs alliés, qui inclut Guam et les îles Mariannes du Nord. Cette position confère au pays une importance disproportionnée par rapport à sa taille.
Dans ce contexte, Palau et les Philippines ont convenu début 2025 d’approfondir leur coopération en matière de sécurité maritime. « La distance entre nos pays est inférieure à 400 milles nautiques », a souligné Eduardo Año, insistant sur la logique opérationnelle de ce partenariat.
Taïwan, alliances et élargissement régional
Palau fait partie des rares États à entretenir des relations diplomatiques officielles avec Taïwan, un choix qui renforce son exposition aux pressions chinoises. « La menace est déjà là. Il ne s’agit plus de l’empêcher d’entrer, mais de la contenir », a déclaré Jennifer Anson.
Le pays dispose déjà d’accords de patrouilles conjointes avec les garde-côtes américains et taïwanais. L’objectif désormais est d’étendre ces dispositifs aux pays d’Asie du Sud-Est, notamment au sein de l’ASEAN, afin de renforcer la coopération régionale et le partage d’informations.
Selon Don McLain Gill, enseignant en relations internationales à l’université De La Salle de Manille, les Philippines ont tout intérêt à consolider leurs liens avec les États du Pacifique, dont Palau, dans un contexte de recomposition stratégique accélérée.
À mesure que la rivalité sino-américaine s’intensifie dans l’Indo-Pacifique, Palau et les Philippines entendent s’appuyer sur des partenariats renforcés pour défendre la liberté de navigation et le respect du droit international maritime.


















