Miss France 2026 : Miss Tahiti sacrée, mais le jury avait élu Miss Nouvelle-Calédonie
La scène du Zénith d’Amiens a livré son verdict : Hinaupoko Devèze, Miss Tahiti, a été couronnée Miss France 2026. Une victoire éclatante en apparence, mais qui masque une réalité que les téléspectateurs n’ont pas forcément perçue : la véritable gagnante du jury, celle qui avait obtenu les meilleures notes des professionnels et dominé l’ensemble des épreuves, était Juliette Collet, Miss Nouvelle-Calédonie. Le règlement du concours, qui combine pour moitié le vote du public et pour moitié celui du jury, a fait basculer l’élection au profit de Tahiti, portée par une mobilisation téléphonique d’une ampleur exceptionnelle.
Tahiti, une culture des Miss et une machine à SMS
Il faut dire que la Polynésie entretient depuis longtemps une véritable culture des Miss, une tradition profondément ancrée, presque identitaire. Là-bas, l’élection Miss France est un événement national. Les familles, les quartiers, les associations, les entreprises se mobilisent, relaient les appels au vote et considèrent l’envoi de SMS comme un geste de soutien quasi obligatoire. Les campagnes sont organisées, puissantes, structurées. Les SMS pleuvent par milliers, malgré leur coût élevé, transformant chaque vote en acte collectif. Cette année encore, la Polynésie a fait valoir sa force populaire, et cela s’est vu dans les résultats : Miss Tahiti n’a pas seulement gagné une couronne, elle a remporté la bataille des téléphones.
Une Calédonie en retard, entre diffusion improvisée et mobilisation tardive
En Nouvelle-Calédonie, la situation était tout autre. À quelques jours de l’élection, rien n’était même prévu pour diffuser le concours sur les télévisions locales. Il a fallu l’intervention de la Province Sud, qui a joué les entremetteurs pour que la TV de la Province Nord accepte d’assurer une diffusion in extremis. Tout s’est fait dans la précipitation, comme si personne n’avait vraiment anticipé la possibilité d’une victoire calédonienne. Sans visibilité claire, sans campagne structurée, sans relais suffisants, la mobilisation n’a jamais atteint le niveau requis pour rivaliser avec la mécanique tahitienne. La Calédonie y a cru tard, a communiqué peu et a perdu, tout simplement, la bataille des SMS.
Le jury pour Juliette Collet, les SMS pour Miss Tahiti
La mobilisation calédonienne, sincère mais timide, n’a pas pu rivaliser avec la machine polynésienne. Malgré l’enthousiasme autour de Juliette Collet et la fierté évidente suscitée par son parcours, le vote public s’est révélé insuffisant pour contrebalancer l’enorme poussée venue de Polynésie. Le résultat final ne raconte donc pas un écart de talent, mais un écart de mobilisation. Juliette Collet a dominé le jury, Miss Tahiti a dominé les téléphones. Dans ce système hybride, la candidate soutenue par la masse des SMS prend logiquement l’avantage.
Pour autant, la Calédonie peut être fière de sa représentante. Juliette Collet a séduit les professionnels, impressionné par son aisance, son intelligence, son élégance et la qualité de ses prestations. À leurs yeux, elle était la Miss France 2026. Son classement de première dauphine ne dit rien de sa performance réelle, mais beaucoup du fonctionnement du concours. Cette élection restera comme celle où le talent calédonien a brillé, mais où la stratégie polynésienne, rodée depuis longtemps, a gagné la manche décisive.
Une leçon pour l’avenir : croire en nos Miss et jouer la bataille des votes
En définitive, Miss France 2026 aura consacré deux reines : Miss Tahiti, portée par une mobilisation populaire impressionnante, et Miss Nouvelle-Calédonie, la lauréate incontestée du jury. La première s’impose grâce à la puissance des SMS, la seconde par la reconnaissance des professionnels. Et peut-être faudra-t-il, pour les prochaines éditions, retenir une leçon simple : pour gagner Miss France, il ne suffit pas d’avoir la meilleure candidate. Il faut aussi croire en elle dès le début, préparer le terrain, organiser la mobilisation et accepter de mener la bataille là où tout se joue désormais, sur les écrans de téléphones, dans ces votes payants que Tahiti maîtrise mieux que quiconque.
Félicitations à nos deux représentantes du Pacifique !



















