Un samedi sous haute tension politique. Entre marché populaire et réunions marathon, Manuel Valls a intensifier son programme calédonien.
Une immersion populaire façon Chirac
Ce samedi 23 août au matin, Manuel Valls a choisi le marché de Ducos pour aller au contact direct des Nouméens. Un bain de foule façon Chirac, où le ministre des Outre-mer a serré des mains, échangé avec des habitants de toutes origines, et pris le pouls d’une société encore divisée par la question institutionnelle. Loin des discours policés, l’ancien premier ministre a voulu entendre le « verdict du peuple » face à l’accord de Bougival. Entre sourires, inquiétudes et attentes fortes, ce moment a marqué un signal clair : Paris veut rester à l’écoute des Calédoniens, sans filtre et sans langue de bois.
Le CESE mobilisé, le FLNKS absent
Après ce moment populaire, cap sur le Conseil économique, social et environnemental de Nouvelle-Calédonie (CESE-NC). Les conseillers ont échangé avec le ministre sur le rôle que pourrait jouer leur institution dans la suite des discussions. Valls a invité ses interlocuteurs à rejoindre dès lundi les travaux du comité de rédaction chargé de traduire juridiquement l’accord de Bougival.
Mais dans l’après-midi, lors de la réunion technique organisée au Haut-Commissariat, un constat s’est imposé : l’absence de la tendance radicale du FLNKS. Pourtant signataire de l’accord du 12 juillet, le front indépendantiste refuse désormais toute participation. Face à ce blocage, le ministre a répété son credo :
Ma porte reste toujours ouverte.
L’urgence d’une loi fondamentale claire
Les débats du comité de rédaction, entamés à 14 heures, ont duré près de cinq heures. Au centre des discussions : la traduction juridique de l’accord, qui doit être soumise au Conseil d’État dès la semaine prochaine. Paris insiste : le texte doit être clair et sans ambiguïté, car « quand c’est flou, il y a un loup ». L’enjeu est d’autant plus fort que l’accord doit déboucher sur une loi fondamentale préalable à un référendum prévu en février 2026.
Initialement programmé pour quitter Nouméa samedi soir, Manuel Valls a décidé de prolonger sa visite jusqu’au lundi 25 août. Objectif : convaincre le FLNKS de revenir à la table, après que son bureau politique a écarté les signataires initiaux de l’accord de Bougival, y compris sous l’autorité de Christian Tein. Cette prolongation souligne la volonté du gouvernement français de parvenir à un consensus malgré une date limite très contraignante.
En une seule journée, Manuel Valls a condensé tout l’esprit de sa mission : proximité avec les Calédoniens, fermeté sur le calendrier, ouverture face au blocage indépendantiste. Le compte à rebours est lancé. L’accord de Bougival, déjà fragile, doit désormais passer l’épreuve du droit et de la politique locale. Le référendum de 2026 s’annonce comme le véritable juge de paix.