Alors que la province Sud annonce un plan de 12 milliards de francs pour soutenir le BTP, dont 6,5 milliards injectés via des appels d’offres, les professionnels du secteur tirent la sonnette d’alarme et dressent un constat sans appel.
Un secteur au bord de l’effondrement
le BTP calédonien est en crise profonde, avec des pertes d’emplois massives et un manque criant de visibilité.
Avant les émeutes de mai 2024, le secteur comptait plus de 9 000 salariés. Fin 2024, il en comptait 4 200. Aujourd’hui, en 2025, il est sous les 4 000, et tout indique qu’il descendra à 3 000 d’ici fin 2025. Les entreprises, qu’elles soient petites ou grandes, subissent des réductions drastiques d’effectifs. Certaines résistent tant bien que mal avec la rénovation de bureaux, d’autres passent de 35 à 18 employés; certaines réduisent leur équipe de trois à deux personnes ou encore d’autres sont passées de 200 salariés à 50.
La cause principale ?
L’effondrement du marché privé, qui représentait 60 % de l’activité avant la crise. Aujourd’hui, le secteur repose à 80 % sur la commande publique, insuffisante pour combler le vide.
La province Sud tente de relancer la machine
Face à l’urgence, la province Sud a mobilisé 12 milliards de francs CFP qui visent à relancer les chantiers dans divers domaines :
– Réhabilitation d’écoles et collèges endommagés (ex. : cantines du collège de Kaméré).
– Entretien des routes et ouvrages d’art.
– Rénovations de bâtiments administratifs.
Problème : Ces projets concernent surtout le second œuvre, laissant de côté les entreprises de gros œuvre, déjà fragilisées. De plus, la concurrence est féroce : certains appels d’offres attirent jusqu’à 50 entreprises pour un seul lot.
Un manque criant de visibilité
Les chefs d’entreprise déplorent l’absence de projets structurants dans les cartons.
Entre le premier croquis d’un architecte et le début des travaux, il se passe au moins un an. Aujourd’hui, les bureaux d’études n’ont plus de commandes… donc aucun chantier majeur ne démarrera avant 2026.
On avance avec seulement un ou deux mois de visibilité. Sans reprise économique, même les entreprises solides ne tiendront pas.
Des pistes pour limiter les dégâts ?
– Mieux répartir les lots pour permettre aux TPE de concourir (suggestion de Thomas André).
– Accélérer les paiements aux entreprises (la province Sud s’engage à payer sous 20 jours).
– Étendre l’effort public : la province Sud ne représente que 10 % du volume global nécessaire.
En chiffres :
– Chiffre d’affaires pré-crise : ~100 milliards FCFP.
– Aujourd’hui : ~30 milliards FCFP (estimation 2025).
– Production de ciment : chute de 100 000 à 30 000 tonnes/an.
Une course contre la montre
Si la commande publique apporte un soulagement temporaire, elle ne suffira pas à éviter des faillites en cascade dès juillet 2025. Pour les professionnels, la solution passe par :
1. Une relance coordonnée entre toutes les collectivités.
2. Des mesures urgentes pour relancer le secteur privé (ex. : exonérations fiscales).
3. Un plan de reconstruction clair, incluant les bureaux d’études en amont.