En juin 2025, les prix à la consommation se stabilisent en Nouvelle-Calédonie. Pourtant, les 20 % des ménages les plus modestes continuent de subir une hausse du coût de la vie trois fois supérieure à la moyenne.
Une inflation globale maîtrisée, mais des hausses ciblées
Selon les chiffres publiés par l’Isee, l’indice des prix à la consommation (IPC), hors tabac, reste stable en juin après une baisse de 0,2 % le mois précédent. L’augmentation des prix des services (+0,5 %) et de l’alimentation (+0,3 %) est compensée par la baisse des prix de l’énergie (-1,1 %) et des produits manufacturés (-0,3 %). Résultat : une inflation annuelle modérée de +0,5 %.
Mais cette moyenne occulte de fortes disparités sectorielles. Les services de transport aérien explosent à +6,4 %, entraînant avec eux une hausse de l’ensemble des services. L’alimentation, de son côté, continue de grimper, notamment : les légumes (+2,8 %), le fromage (+1,3 %), ou encore les produits sucrés (+0,4 %). En revanche, les prix de la viande (-0,5 %), du poisson (-1,5 %) et des pains-céréales (-0,3 %) reculent légèrement.
Concernant l’énergie, les carburants poursuivent leur repli, avec une essence à 157,1 F/L (-2,1 %) et un gazole à 138,0 F/L (-2,7 %). Les produits manufacturés, fortement affectés par des campagnes promotionnelles, voient également leurs prix reculer, notamment les meubles (-2 %), les chaussures (-1,7 %) et les smartphones (-2,5 %).
Les plus modestes paient le vrai prix de l’inflation
Si l’IPC général reste stable, il en va autrement pour les 20 % des ménages les plus modestes. Leur indice spécifique, calculé par l’Isee depuis septembre 2022, révèle une hausse des prix de +1,6 % sur un an, soit trois fois plus que la moyenne.
Pourquoi cette différence ? Cela s’explique par une structure de consommation différente chez les ménages modestes. L’alimentation, par exemple, pèse davantage dans leur budget. Or, en juin, si les prix alimentaires progressent de +0,3 % pour l’ensemble des ménages, ils sont stables pour les plus modestes, limitant partiellement l’impact. Mais cela ne suffit pas : les hausses de certains services, comme les transports ou les services bancaires, touchent indistinctement toutes les couches sociales. En parallèle, les économies d’échelle et la possibilité de profiter des promotions sont plus limitées pour ces ménages.
En glissement annuel, la perte de pouvoir d’achat est donc bien réelle pour les plus fragiles, qui vivent une inflation ressentie bien supérieure à celle affichée.
Derrière les chiffres, une mécanique complexe et un indicateur imparfait
L’indice des prix à la consommation en Nouvelle-Calédonie est un outil statistique robuste, conçu pour suivre l’évolution des prix à partir d’un panier-type. Ce panier, renouvelé régulièrement, repose sur les données de l’enquête Budget des Familles 2019-2020, auprès de 1 141 ménages. Il compte 962 variétés de produits réparties selon la nomenclature internationale COICOP.
Chaque mois, 23 000 relevés de prix sont effectués, dans les commerces physiques, en ligne ou via les fournisseurs. Ces données servent à construire des indices pondérés, reflétant le poids de chaque produit ou service dans la consommation moyenne. Mais cette méthode ne prend pas en compte les disparités de situation, notamment géographiques ou sociales. D’où l’intérêt du nouvel indice dédié aux ménages du premier quintile.
L’inflation ainsi mesurée sert de base à plusieurs décisions économiques et sociales : indexation du SMG, revalorisation des loyers, pensions alimentaires, salaires indexés… Pourtant, l’indice officiel reflète souvent mal le ressenti réel des Calédoniens, car il lisse les variations et les particularités individuelles. En saison touristique, par exemple, le prix des billets d’avion baisse, alors que certains légumes flambent selon les récoltes. Les ménages qui dépendent fortement de ces postes de consommation peuvent donc se sentir plus durement touchés que ne le suggère l’IPC moyen.
Loin de refléter une accalmie pour tous, les chiffres de juin révèlent une fracture croissante entre indicateur officiel et vécu réel. Pour les ménages les plus modestes, la hausse des prix est bien plus qu’un chiffre : c’est une menace directe sur leur pouvoir d’achat.