Le communiqué est cinglant, sans appel. Pour la Dynamik Unitaire Sud, l’accord de Bougival est une imposture orchestrée par Paris. En ligne de mire : Manuel Valls, accusé de manipuler la Nouvelle-Calédonie pour faire passer en force un projet illégitime.
Un accord de Bougival « mort-né » pour les indépendantistes radicaux
Pour la Dynamik Unitaire Sud, l’accord signé le 12 juillet 2025 à Bougival n’a aucune légitimité politique ni populaire. Le communiqué, sans détour, évoque un « accord mort-né » que le FLNKS rejettera officiellement lors de son congrès extraordinaire prévu le 9 août. À leurs yeux, l’État français s’entête dans une stratégie d’imposition politique, en tentant de maquiller en consensus un texte qui divise profondément le camp indépendantiste.
La DUS n’y voit qu’un nouveau passage en force, dans la lignée de celui du dégel du corps électoral, à l’origine directe des émeutes de mai 2024. Et le ton monte :
Le peuple kanak ne sera pas dupé deux fois , martèle le mouvement.
Dans leur viseur : la droite locale « coloniale », les alliés de Paris sur le terrain, et un FLNKS fragmenté, dont certains membres renient désormais leur signature.
Valls accusé de duperie, de chantage et de mépris colonial
Manuel Valls, ministre des Outre-mer, est personnellement ciblé dans le communiqué. Ses récentes déclarations appelant à la « responsabilité » ont provoqué l’ire de la DUS, qui y voit une inversion des responsabilités.
Trop facile de prêcher la responsabilité quand l’État a empilé les décisions irresponsables ! , dénonce le texte.
Le nickel, la crise sanitaire, la formation des personnels de santé, les émeutes : pour la DUS, l’État français est comptable de l’impasse actuelle. Pire encore, Manuel Valls est accusé de pratiquer un chantage économique odieux, en conditionnant les investissements publics et privés à la signature d’un accord politique.
Un procédé qualifié de « duperie » et d’instrumentalisation coloniale, dans le seul but de sécuriser les intérêts français dans l’axe indopacifique.
Paris veut la paix des marchés, pas celle des peuples , ironise une militante interrogée dans le Sud.
La fracture est consommée au sein du FLNKS : l’UC lâche prise
Le communiqué de la DUS acte également un clivage irréversible au sein du FLNKS. L’Union calédonienne, le grand frère politique du Sud, se désolidarise du texte signé à Bougival. Le comité directeur du mouvement, réuni le 26 juillet à Voh, l’a acté, tout comme Christian Tein, président du FLNKS, qui, depuis Bastia, a renié son accord tacite pour la finalisation du document.
Le geste symbolique du « check » entre les deux députés n’aura été qu’une illusion de retour au calme et de paix retrouvée.
La base indépendantiste, en particulier les ultras de la CCAT, a déjà pris l’ascendant. Pour la DUS, l’avenir du FLNKS ne passe plus par Bougival, mais par l’accord de Kanaky, daté du 30 mai, resté lettre morte dans les discussions officielles. Ce document, élaboré par les plus radicaux du Front, pourrait bien devenir le nouveau socle de l’indépendance.
En s’exprimant avec une telle virulence, la Dynamik Unitaire Sud jette de l’huile sur un feu déjà brûlant. L’État français, lui, persiste à défendre l’accord de Bougival comme le seul chemin viable.
Mais sur le terrain, le divorce semble consommé : entre les réformistes indépendantistes ( Palika, UPM, RDO), les ultras du FLNKS, et une Union calédonienne affaiblie, la Nouvelle-Calédonie entre dans une phase de turbulences politiques inédites.
Le compte à rebours jusqu’au référendum de février prochain, est lancé… et personne ne veut baisser la garde.