La réunion organisée à Paris entre Emmanuel Macron, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet a provoqué un véritable coup de frein dans le processus calédonien. À l’issue de cet entretien au sommet, l’exécutif a acté qu’il n’existait plus de majorité parlementaire pour voter la loi permettant d’organiser la consultation prévue par l’accord de Bougival. Conséquence immédiate : le texte, qui devait être présenté en Conseil des ministres, a été retiré discrètement de l’agenda.
Une majorité introuvable et un Parlement paralysé par la peur
La décision ne vient pas d’un changement de ligne politique, mais d’un calcul brut : ni l’Assemblée nationale ni le Sénat ne peuvent aujourd’hui réunir les voix nécessaires pour adopter la loi de convocation des électeurs. Plusieurs groupes, traumatisés par les violences du 13 mai, redoutent qu’une consultation boycottée par les indépendantistes rallume les tensions.
À Paris, beaucoup préfèrent différer une décision plutôt que d’assumer un vote public sous haute pression. Résultat : l’État temporise, et la Nouvelle-Calédonie reste suspendue dans une zone grise institutionnelle.
Bougival fragilisé, Paris cherche une sortie politique
L’accord de Bougival devait constituer le cadre de stabilité post-référendums : un partage de souveraineté inédit, un transfert éventuel de compétences régaliennes sous conditions strictes, et un nouveau cycle institutionnel sécurisé.
Mais depuis son adoption, l’accord a perdu plusieurs soutiens : le FLNKS l’a désavoué, certains partis calédoniens se sont rétractés, et Paris semble désormais douter de sa capacité à en assumer l’application.
D’où la prochaine étape : une convocation des forces politiques calédoniennes à Paris mi-janvier, pour tenter de « recoller » les positions. Une réunion cruciale… et périlleuse, car chacun redoute que l’État n’en profite pour ouvrir la porte à une renégociation plus large que Bougival.
Un calendrier explosif et une impasse annoncée
Si la consultation ne peut pas être organisée rapidement, tout le processus risque de s’enliser. Sans accord institutionnel d’ici là, les élections provinciales de 2026 se dérouleraient avec un corps électoral gelé, un scénario explosif que beaucoup rejettent.
Dans le même temps, aucun nouvel accord ne pourra être sérieusement négocié avant la présidentielle de 2027, ce qui repousserait toute solution durable à 2028.
La Calédonie, déjà fragilisée économiquement et socialement, se retrouve donc dans un entre-deux politique dangereux : un accord signé mais suspendu, un État hésitant, et une classe politique locale fragmentée.
Le signal envoyé par Paris est clair : l’équation institutionnelle n’est plus seulement calédonienne. Elle est désormais nationale, parlementaire, et profondément marquée par la peur des violences du 13 mai.

















