La recomposition politique au Congrès met en lumière des contradictions que certains préfèrent éviter. L’alliance entre Calédonie ensemble et L’Éveil océanien interroge, au regard d’une condamnation judiciaire qui a précisément mis en cause l’instrumentalisation de la communauté wallisienne et futunienne.
Une condamnation judiciaire lourde aux conséquences politiques durables
La condamnation de plusieurs figures de Calédonie ensemble n’a rien d’anecdotique. Elle repose sur des faits précis : des emplois de collaborateurs jugés fictifs, financés sur fonds publics, et largement issus de la communauté wallisienne et futunienne, que la justice a estimé utilisés comme outil d’influence politique.
Le terme employé par les magistrats est sans ambiguïté : clientélisme. Cette décision n’a pas seulement entraîné des peines individuelles lourdes, elle a provoqué un séisme institutionnel, avec la perte de mandats, l’inéligibilité immédiate de certains élus et l’effondrement du groupe Calédonie ensemble au Congrès.
Au-delà de la procédure judiciaire, c’est une faillite politique qui est apparue au grand jour. En agissant ainsi, le parti a contribué à exposer une communauté entière, non pas comme un acteur citoyen à part entière, mais comme un levier électoral. Une dérive qui a laissé des traces, bien au-delà des bancs de l’hémicycle.
Un discours anti-communautaire mis à l’épreuve des faits
Pendant des années, Calédonie ensemble a construit son image sur le rejet affiché des logiques communautaires. Le parti se voulait au-dessus des appartenances, défenseur d’un projet transversal, moderne, institutionnel.
Cette posture a longtemps servi de marqueur politique, notamment face aux formations accusées de s’appuyer sur des bases identitaires. Mais l’affaire judiciaire est venue fissurer ce récit. Car ce qui était dénoncé dans le discours a fini par être reproché dans les actes.
La contradiction est d’autant plus forte que cette instrumentalisation supposée n’a pas seulement fragilisé le parti : elle a abîmé le lien de confiance entre la politique et une communauté qui n’avait pas vocation à être mêlée à ces pratiques. C’est là que le déshonneur dépasse le cadre partisan.
L’alliance avec l’Éveil océanien, symbole d’un reniement
Aujourd’hui, affaibli, Calédonie ensemble n’existe plus seul au Congrès. Pour conserver un poids institutionnel, le parti a fait le choix de s’associer à L’Éveil océanien, mouvement qui assume, lui, une représentation politique structurée autour de la communauté wallisienne et futunienne.
La séquence interroge.
Ceux qui sont tombés après une condamnation liée à des pratiques impliquant cette communauté s’adossent désormais à un parti qui en fait un socle politique assumé. Ce qui était hier dénoncé comme un risque pour la démocratie devient aujourd’hui une béquille parlementaire.
Certains invoqueront la nécessité arithmétique. D’autres parleront de pragmatisme. Mais cette alliance révèle surtout une morale politique à géométrie variable, où les principes s’effacent dès qu’ils deviennent contraignants.
Le problème n’est pas l’existence de L’Éveil océanien ni la légitimité d’une communauté à s’organiser politiquement. Le problème réside dans l’incohérence profonde d’un parti qui, après avoir théorisé le rejet des logiques communautaires, y recourt désormais sans la moindre autocritique.
À force de vouloir survivre à tout prix, Calédonie ensemble donne le sentiment d’avoir sacrifié ce qu’il prétendait incarner. Or, en politique, il est une chose qu’aucun intergroupe ne permet de reconstruire : la crédibilité.

















