Emmanuel Tjibaou défend un dialogue fragile et une mémoire à panser
Le député indépendantiste Emmanuel Tjibaou, figure de la gauche calédonienne, a ouvert les échanges avec une prise de parole teintée de solennité. Il s’est dit inquiet de voir le Président reprendre en main le dossier calédonien depuis l’étranger, soulignant une méthode jugée unilatérale, à un moment clé du processus d’émancipation.
Tjibaou défend un projet de souveraineté partagée, fruit du dialogue engagé à Deva entre forces indépendantistes et loyalistes. Pour lui, cette proposition reste une base à enrichir. Il alerte sur le risque d’un enlisement politique si aucun accord n’est trouvé avant la fin juin, pointant les conséquences dramatiques pour un territoire déjà plongé dans la crise économique, sociale et identitaire.
Mais au-delà du fond, sa position incarne une vision du dialogue parfois déconnectée de la réalité sécuritaire : celle d’un discours empreint de mémoire coloniale, légitime sur le plan historique, mais souvent insuffisant face aux urgences concrètes du terrain.
Nicolas Metzdorf : « Sans sécurité, aucun accord ne tiendra »
En réponse, le député Nicolas Metzdorf, originaire de Nouvelle-Calédonie et ancré à droite, a rappelé la condition première à toute avancée : le rétablissement immédiat de l’ordre public. Dans un territoire où les émeutes ont paralysé la vie économique, où les citoyens vivent dans la peur, Metzdorf exige un discours de fermeté.
Il salue la ligne du ministre des Outre-mer qui refuse tout accord signé dans la précipitation ou sous la pression. Mais il va plus loin : la République doit montrer qu’elle tient debout, qu’elle fait respecter la loi, qu’elle protège les siens. Sans cela, prévient-il, les accords ne seront que des mots.
En cela, Nicolas Metzdorf incarne une droite lucide, enracinée, consciente que la paix n’est pas un slogan mais une construction politique qui exige du courage, de la clarté, et des choix fermes.
L’heure des responsabilités : fermeté d’État ou flottement politique ?
Le ministre Manuel Valls, dans une posture d’équilibriste, a tenté de réconcilier les deux approches : appel au dialogue, mais aussi reconnaissance du désastre économique et social. Il annonce une nouvelle phase de discussions à Paris, en associant maires, forces économiques et acteurs politiques.
Mais pour de nombreux observateurs – et une majorité silencieuse de Calédoniens – le temps des hésitations est terminé. Le discours d’Emmanuel Tjibaou reflète une douleur historique, mais celui de Nicolas Metzdorf porte une vision d’avenir : une Nouvelle-Calédonie apaisée, dans la République, respectée et sécurisée.
Alors que la gauche invoque encore les blessures du passé, la droite, elle, trace le chemin de la reconstruction, fondée sur l’autorité, la vérité et l’unité.
Nouvelle-Calédonie : « Comment capitaliser le passif de cette méthode qui nous a ramené sur le chemin de la concorde et faire aboutir un accord politique si une fois encore la méthode et le format des discussions changent ? », demande Emmanuel Tjibaou (GDR).#DirectAN #QAG pic.twitter.com/TPsRhdOhIB
— LCP (@LCP) June 3, 2025
Nouvelle-Calédonie : « Ce nouvel accord devra être fait dans le choix des Calédoniens, celui de la France », fait valoir @NicolasMetzdorf.#DirectAN #QAG pic.twitter.com/LCczwZR939
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