Un an après les violentes émeutes qui ont secoué la Nouvelle-Calédonie, la déconstruction des bâtiments endommagés reste un chantier complexe. Entre désamiantage, gestion des déchets et attente des assurances, les acteurs économiques et institutionnels font face à de multiples défis.
Un bilan matériel lourd, une reconstruction en suspens
Les émeutes de 2024 ont laissé des traces profondes, notamment dans le parc immobilier. Les concessions automobiles ont été sévèrement touchées.
Nous avons subi la destruction de deux sites majeurs, dont un showroom et des bureaux. Les expertises ont pris des mois, et les délais s’allongent avec la flambée des coûts des matériaux, affirme un concessionnaire automobile.
La priorité a été la mise en sécurité des structures endommagées avant la saison cyclonique. Il leur a fallu d’éliminer les débris tranchants, les tôles arrachées et les vitres brisées. Pour certains bâtiments, seules les dalles et structures porteuses subsistent, prêtes à accueillir une éventuelle reconstruction.
Désamiantage et enjeux environnementaux : un cadre renforcé
La crise a révélé des lacunes dans la gestion des risques sanitaires et environnementaux. Seuls 10 à 15 % des bâtiments détruits contenaient de l’amiante, mais son traitement a été crucial. La province Sud et la CSP ont instauré des protocoles stricts pour éviter la dispersion de fibres toxiques.
Les déchets inertes (béton, ferraille) sont traités localement, tandis que l’amiante est exportée vers la Nouvelle-Zélande – une solution coûteuse et écologiquement contestée. Un projet de stockage sécurisé en Calédonie est à l’étude.
Le BTP en attente : entre espoirs et inquiétudes
La filière du BTP, dopée par les chantiers de démolition, redoute désormais un ralentissement. 70 à 80 % des déconstructions sont achevées, mais sans relance des reconstructions, des entreprises risquent la liquidation. Les appels d’offres publics tardent, et le secteur privé hésite à investir dans un contexte économique incertain.
Le marché automobile est toujours à -50 % par rapport à 2023.
Reconstruire sans visibilité serait irresponsable, interpellent les acteurs économiques.
Les salariés, relogés dans des locaux temporaires, attendent avec impatience un retour à la normale.
Vers une relance ? Les conditions manquantes
Pour les professionnels, deux verrous bloquent la reconstruction :
1. Les assurances : La clause « émeutes » a disparu des contrats, dissuadant les investissements.
2. La sécurité : Personne ne souhaite reconstruire sans garanties contre de nouvelles violence.
Il faut redonner confiance aux entrepreneurs et accélérer les procédures. Le temps politique n’est pas le temps économique.
Si la déconstruction a permis de structurer la filière des déchets et de renforcer les normes, la Nouvelle-Calédonie reste à un carrefour. Sans relance du BTP et sans apaisement politique, le risque d’un effondrement économique plane. Le BTP n’est plus le poumon de la Calédonie. Mais alors, quel sera le moteur demain ?