Depuis l’annonce de la mise en liberté sous contrôle judiciaire de Christian Tein, chef de la CCAT et président du FLNKS, les réseaux sociaux bruissent de réactions indignées et de tentatives de manipulation. Objectif affiché par les militants indépendantistes : faire croire à l’opinion que cette décision judiciaire serait une sorte d’innocentement.
Ce qu’il en est réellement : Christian Tein reste mis en examen pour des faits extrêmement graves.
Une décision de procédure, pas un jugement sur le fond
Contrairement à ce que certains laissent entendre, la mise en liberté sous contrôle judiciaire ne signifie pas que Christian Tein est déclaré innocent. Elle ne constitue ni une relaxe, ni un non-lieu. Il reste mis en examen pour atteinte grave à l’ordre public, incitation à l’insurrection et organisation d’attroupements violents, suite aux émeutes du 13 mai 2024, qui ont ravagé une partie du territoire, causé des milliards de francs CFP de dégâts et traumatisé des milliers de familles.
Une stratégie politique bien huilée
Certains militants indépendantistes tentent de faire croire que la libération sous contrôle judiciaire de Christian Tein prouverait son innocence. C’est une lecture erronée : cette décision signifie simplement que la justice considère qu’il peut attendre son procès en liberté, à condition de rester sous contrôle judiciaire strict et assigné en métropole, ce qui ne remet en rien en cause la gravité des faits qui lui sont reprochés.
C’est juridiquement faux et politiquement trompeur,
déclare un proche du dossier.
En réalité, les charges sont suffisamment lourdes pour que la mise en examen soit maintenue, ainsi qu’un contrôle judiciaire strict : Christian Tein n’a pas le droit de revenir en Nouvelle-Calédonie, ni de s’exprimer publiquement sur le fond du dossier.
Le message envoyé par les juges : prudence, pas indulgence
La Cour d’appel de Paris a décidé de le remettre en liberté dans le cadre d’un strict encadrement judiciaire, sans statuer sur sa culpabilité. Cette mesure est courante en droit français pour éviter les détentions provisoires prolongées. Mais elle ne remet absolument pas en cause les poursuites en cours, ni la responsabilité politique et morale de Christian Tein dans le soulèvement qui a dévasté le territoire.
Une responsabilité politique impossible à nier
Quoi qu’en disent ses soutiens, Christian Tein est présumé avoir dirigé la CCAT, véritable plateforme d’organisation du mouvement du 13 mai, et soupçonné d’avoir joué un rôle central dans la coordination des émeutes. Ses communiqués, ses prises de parole, ses mots d’ordre ont accompagné les semaines de violence et de chaos.
L’enquête judiciaire a révélé des éléments accablants : selon l’arrêt cité par Le Monde, le 1er juin, Christian Tein apparaît comme le donneur d’ordre de Steve Une, qui attendait son feu vert pour une action coordonnée contre les forces de l’ordre dans cinq quartiers de Nouméa. Gilles Jorédié, également interpellé, a confirmé que
les ordres de marche étaient donnés par M. Tein et qu’en cas de clarification, c’est lui qui précisait la conduite à tenir.
Par ailleurs, l’examen des téléphones de plusieurs commanditaires présumés a mis en évidence des échanges avec l’activiste Kémi Seba, figure controversée proche du groupe Wagner, soupçonné d’avoir perçu près de 48 millions de francs CFP d’appuis russes entre 2018 et 2019. Ce lien trouble ajoute une dimension géopolitique inquiétante à la crise calédonienne.
Les réactions des élus loyalistes : fermeté et lucidité
- Sonia Backès a qualifié la décision d’« incompréhensible », tout en appelant à la patience et à la résistance.
- Nicolas Metzdorf a réaffirmé que Christian Tein ne saurait être un interlocuteur politique tant qu’il est mis en examen.
- Philippe Blaise a prévenu : « Christian Tein restera pour toujours le responsable des violences ».
Christian Tein est en liberté sous contrôle judiciaire. Il n’est pas acquitté. Il est toujours poursuivi. La justice suit son cours, mais toute tentative de détourner cette mesure en acte de blanchiement est un mensonge politique.
Dans ce dossier, comme dans d’autres, la vérité ne se crie pas sur Facebook. Elle se démontre devant les juges. Et le temps du procès viendra.