Premier trimestre 2025 : l’économie calédonienne redémarre timidement après les émeutes, mais la reprise reste fragile et inégale.
Un climat des affaires en légère amélioration, mais toujours plombé
Au premier trimestre 2025, l’économie calédonienne semble sortir difficilement de l’ornière creusée par les émeutes de 2024. Le climat des affaires s’améliore très légèrement, poursuivant une tendance haussière engagée depuis la fin des troubles. Cependant, l’indice reste très bas, à 82, bien en deçà des standards d’une économie en pleine santé.
Les chefs d’entreprise sont loin d’être rassurés : s’ils constatent un recul des risques immédiats de défaillance, la majorité d’entre eux ne croit pas à un retour à la normale à court terme. Une large part d’entreprises anticipe un niveau d’activité durablement inférieur à celui d’avant crise. Cette lucidité contraste avec l’optimisme relatif suscité par les aides publiques et le retour des négociations politiques.
Le crédit en berne, symptôme d’une économie au ralenti
Les banques calédoniennes enregistrent un effondrement de la production de crédits : seulement 17 milliards CFP de nouveaux prêts émis au premier trimestre, un plancher historique très éloigné des moyennes habituelles (40 à 50 milliards). Seule exception : une timide reprise du crédit immobilier, dans un contexte où les prix de l’immobilier ont chuté de près des deux tiers en un an.
Les crédits à la consommation, après un bref sursaut fin 2024, repartent à la baisse. Moins de demandes de prêt, plus d’hésitation chez les particuliers, et des ménages de plus en plus fragiles : l’endettement s’accroît, tout comme les dossiers de surendettement déposés, déjà en hausse de 40 % par rapport à la moyenne annuelle habituelle.
Banques sous pression et signaux contrastés de reprise
Pour la première fois, les quatre principales banques du territoire affichent un résultat net négatif. Cette dégradation s’explique par une double peine : recul du chiffre d’affaires, lié à la chute des prêts, et hausse des risques, notamment sur le segment des crédits aux entreprises. Le taux de créances douteuses atteint 7,6 %, un des plus élevés des Outre-mer.
Pourtant, tout n’est pas sombre. La baisse progressive des taux d’intérêt opérée depuis mi-2024 commence à produire ses effets, notamment sur les taux de découvert. Et certains secteurs retrouvent des couleurs : l’extraction minière reprend, la production métallurgique redémarre, et le tourisme de croisière montre un regain d’activité.
Une stabilisation fragile, suspendue aux choix politiques
Le redémarrage de l’économie calédonienne repose sur des bases incertaines. Si quelques indicateurs virent au vert, ils restent insuffisants pour parler de relance durable. Le retour d’un minimum de confiance semble dépendre autant des leviers économiques que de la stabilité politique. Dans cette phase de transition, la Nouvelle-Calédonie reste suspendue aux prochaines étapes du débat institutionnel, dont l’issue pourrait bien conditionner la véritable reprise.