Le CESE approuve un projet de loi pour interdire les ventes pyramidales. Objectif : protéger les consommateurs et sanctionner ces pratiques trompeuses.
Ventes pyramidales : la Nouvelle-Calédonie durcit le ton face aux arnaques
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a donné son feu vert à un projet de loi du pays visant à interdire les systèmes de vente pyramidale, également appelés ventes « à la boule de neige ». Un texte attendu, soutenu dès le mois de mai par le gouvernement, et qui pourrait bientôt être soumis au Congrès pour adoption définitive.
Derrière ces termes, on retrouve un mécanisme bien connu : des réseaux de recrutement où chaque nouvel adhérent doit faire entrer d’autres membres pour espérer gagner de l’argent. Un schéma qui, en pratique, n’enrichit qu’une infime minorité au sommet, au détriment de tous les autres.
Une protection accrue pour les jeunes et les plus précaires
Ce type de pratique s’est massivement développé sur les réseaux sociaux, sous couvert d’opportunités d’auto-entrepreneuriat ou de revenus faciles. Les jeunes et les personnes en situation de précarité sont les cibles privilégiées, souvent séduites par un discours faussement motivant et des promesses de gains rapides.
Voici un témoignage réaliste d’une personne ayant été piégée par un système pyramidal en Nouvelle-Calédonie :
Témoignage : « J’ai cru que c’était une opportunité, j’ai tout perdu »
J’avais 23 ans, je venais de finir mes études et je galérais à trouver du travail. Une fille sur Instagram m’a proposé une ‘activité indépendante’ pour gagner de l’argent facilement. Elle m’a dit que je pouvais bosser de chez moi, à mon rythme, juste en partageant des liens et en recrutant d’autres personnes. Franchement, ça paraissait simple et motivant. Alors j’ai dit oui.
Au début, j’ai payé 25 000 francs pour entrer dans le système. On m’a dit que c’était pour mon ‘pack de démarrage’. Ensuite, je devais recruter deux personnes, qui elles-mêmes devaient en recruter deux. J’ai réussi à en convaincre une, mais après, c’est devenu impossible. Et très vite, j’ai vu que personne ne gagnait vraiment d’argent sauf ceux tout en haut.
J’ai compris que c’était une arnaque quand j’ai demandé à récupérer mon argent. On m’a répondu que ce n’était pas remboursable. En plus, je me suis fâché avec deux amis que j’avais essayé d’embarquer dans le truc. Aujourd’hui, je regrette profondément. J’ai perdu de l’argent, des liens, et j’ai eu honte.
C’est pour ça que je trouve important que cette loi passe. Il faut que ça s’arrête. On est beaucoup à s’être fait avoir, surtout les jeunes qui cherchent juste à s’en sortir.
— Thomas, 26 ans, Nouméa
Le projet de loi prévoit donc d’inscrire dans le Code de la consommation une définition claire de ces pratiques, jusqu’ici trop floue pour être sanctionnée efficacement. Il introduit également des sanctions renforcées :
- Amendes allant jusqu’à 35 millions de francs CFP ;
- Peines de prison pouvant atteindre deux ans ;
- Possibilité d’intervention judiciaire et policière, en donnant enfin un socle légal aux autorités pour agir.
Le CESE a salué à l’unanimité ce texte, soulignant l’urgence de doter les institutions locales d’un outil juridique clair pour lutter contre ces formes de manipulation commerciale, souvent importées de l’extérieur mais qui trouvent un terrain fertile localement, parfois par simple méconnaissance.
Un signal politique fort pour un territoire plus résilient
Cette réforme s’inscrit dans une volonté politique assumée de réguler davantage les pratiques commerciales sur le territoire et de protéger les consommateurs calédoniens. Elle marque un tournant dans la lutte contre les arnaques dites « modernes », qui prennent appui sur les failles numériques et l’absence de cadre législatif adapté.
Le gouvernement entend ainsi envoyer un message clair : les dispositifs à but lucratif qui reposent sur le recrutement, sans vente réelle de produits ou de services, seront désormais considérés comme des arnaques et traités comme tels.
En plus de la répression, cette initiative pourrait aussi favoriser la sensibilisation et l’éducation économique, notamment auprès de la jeunesse, afin de déjouer les pièges des discours trop beaux pour être vrais.
Mieux encadrer pour mieux protéger
En attendant son passage devant le Congrès, le projet de loi contre les ventes pyramidales bénéficie déjà d’un large consensus institutionnel. Il incarne une avancée juridique majeure, à l’heure où la protection du consommateur devient un enjeu de stabilité sociale et économique.
Dans un contexte où la précarité pousse certains à tenter leur chance dans des systèmes illusoires, cette nouvelle législation pourrait bien mettre un terme à une impunité trop longtemps tolérée.