Un an après les émeutes, l’État reprend la main sur le destin calédonien. À Nouméa, la Mission interministérielle pour la Nouvelle-Calédonie pose les bases d’un modèle économique et social refondé, sous l’autorité directe de Matignon.
Un État qui assume sa responsabilité
Le 14 octobre 2025, le haut-commissariat de la République a accueilli la première réunion plénière de la Mission interministérielle pour la Nouvelle-Calédonie, présidée par Claire Durrieu.
Créée le 30 juin 2025, à l’initiative de l’ancien Premier ministre, François Bayrou, et avant même l’accord de Bougival, cette mission illustre la volonté du gouvernement de replacer la République au centre du jeu, sans dépendre du devenir institutionnel du futur accord.
La mission se déroulera de toute manière, a rappelé avec fermeté la haute fonctionnaire.
Derrière cette phrase, un message politique fort : la reconstruction du modèle calédonien se fera avec ou sans consensus politique local.
Sous l’autorité du Premier ministre, mais en coordination avec les ministères de l’Économie, du Budget, de l’Outre-mer et des Finances, cette mission interconnecte enfin les grands leviers publics trop longtemps dispersés. L’objectif est clair : remettre la Nouvelle-Calédonie sur pied, tant sur le plan économique que social et institutionnel.
Une organisation solide pour refonder l’action publique
Cette relance s’articule autour d’une architecture administrative rigoureuse. Une commission plénière pour le développement économique et social, réunissant représentants de l’État, parlementaires, CESE, Sénat coutumier, syndicats et chambres consulaires, fixera les grandes orientations. Ses réunions trimestrielles, à commencer par celle du 14 octobre, puis le 1er février et le 2 avril 2026 et permettront un suivi transparent et concerté.
À ses côtés, un comité de pilotage institutionnel, véritable instance décisionnelle, réunira chaque mois les responsables politiques calédoniens et les représentants de l’État pour arbitrer les propositions issues du terrain.
Enfin, cinq groupes de travail traiteront les sujets de fond : finances publiques, investissements, attractivité, vie quotidienne et société, développement des terres coutumières, et jeunesse. Le nickel et l’énergie feront l’objet d’un cadre spécifique. Cette approche segmentée mais cohérente vise à produire des constats chiffrés, des propositions concrètes et des réformes applicables.
Pour accompagner ces travaux, onze référents techniques, répartis entre Nouméa et Paris, ont été désignés. Parmi eux : Séverine Métillon, spécialiste des comptes sociaux, Kirvin Wadrawane pour la jeunesse, ou encore Louise Auffray pour les investissements publics. En métropole, Pascal Bouilliard, Lorraine Koehl et Pierre-Louis Sire orchestrent la coordination avec Bercy et Matignon.

L’État au contact du terrain : une méthode nouvelle
Mais la mission ne se limite pas aux bureaux climatisés de Nouméa : Claire Durrieu a choisi le terrain.
Le 8 octobre, un café-partage à Rivière-Salée a marqué le début d’une série de rencontres citoyennes.
Quelques jours plus tard, en province Nord, les visites de l’usine de Koniambo, des maires de Koumac, Pouébo et Hienghène, ainsi que du Centre hospitalier du Nord ont illustré cette approche concrète.
Les thèmes abordés : santé, sécheresse, érosion côtière, nickel, cantine et transports scolaires, traduisent une volonté d’écoute et d’action. La mission a également participé aux 30 ans de Kouaoua, symbole d’un territoire résilient.
À Mont-Dore, l’équipe interministérielle a rencontré les élus locaux et l’association des Mondoriens du Sud pour évoquer le développement économique, les mobilités et le lien social.
Enfin, un temps fort a marqué la semaine : la réunion inaugurale du comité logement et renouvellement urbain, le 16 octobre, à la résidence du Haut-Commissaire.
Au-delà des diagnostics, l’État affiche sa volonté de remettre de l’ordre et de la méthode. Une approche rigoureuse, à rebours des années d’improvisation institutionnelle, qui marque un tournant : la France reprend la main sur l’avenir calédonien.
Crédit photo : Haut-Commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie

















