La semaine s’annonce calme sur le plan législatif, mais décisive dans les coulisses du Congrès de la Nouvelle-Calédonie.
Commissions, auditions, ajustements budgétaires : derrière les chiffres, se joue une question simple, comment maintenir la solidité financière d’un territoire sous tension ?
Le Congrès au travail : quand la rigueur budgétaire s’impose
Loin des tribunes politiques, les commissions intérieures s’apprêtent à entrer dans le vif du sujet. Lundi 20 octobre, la commission de la santé et de la protection sociale, ouvrira une séquence technique mais cruciale : l’examen du projet de loi du pays n°74/GNC, consacré à diverses dispositions sanitaires et sociales.
Les auditions s’enchaîneront dès 14 heures : le MEDEF Nouvelle-Calédonie, GAZPAC, puis le Conseil de l’ordre des pharmaciens viendront défendre leurs positions. Trois interlocuteurs différents, mais une même préoccupation : préserver l’activité et la santé économique du territoire.
Dans un contexte de ralentissement fiscal et d’inflation persistante, ces échanges prennent un relief particulier. Le monde économique, souvent pointé du doigt, veut surtout faire entendre la voix des entreprises. Une économie locale fragilisée ne peut plus supporter les réformes à l’aveugle, c’est le message que les acteurs économiques entendent marteler.
Finances publiques : le retour des réalités
Le lendemain, mardi 21 octobre à 8 h 30, la commission des finances et du budget prendra le relais. Sous le dôme du boulevard Vauban, les conseillers devront affronter la vérité des chiffres : une révision à la baisse des recettes fiscales, évaluée à plus de 10 milliards de francs CFP.
La réunion conjointe avec la commission de la législation et de la réglementation économiques et fiscales sera déterminante. Au menu : ajustements du budget 2025, décisions modificatives et réaffectation de la Taxe générale sur la consommation (TGC).
Ces décisions ne sont pas anodines. L’Agence sanitaire et sociale de Nouvelle-Calédonie (ASSNC), pourtant pilier du système de santé publique, voit ses reversements menacés par une baisse de 812 millions de francs CFP. Pour corriger le tir, l’exécutif local propose d’augmenter la part de TGC affectée à l’agence de 1,1 milliard, financée par un transfert interne entre budgets. Une manœuvre budgétaire prudente, mais révélatrice d’un équilibre devenu précaire.
Cette mécanique, d’apparence technique, dit tout d’un territoire obligé de réallouer l’existant plutôt que de créer du nouveau. Une gestion à la calédonienne, entre pragmatisme et contrainte, loin des utopies dépensières.
Une responsabilité politique assumée
Face à ces réalités, une ligne de fond se dessine : celle d’une gestion rigoureuse, refusant les postures victimaires et les promesses intenables.
Les élus, toutes sensibilités confondues, savent que le temps des budgets d’abondance est terminé. La priorité est désormais à la responsabilité, à la stabilité et à la préservation du modèle social calédonien, sans creuser davantage le déficit.
Les auditions du MEDEF ou de GAZPAC traduisent une inquiétude partagée : la soutenabilité du système. Car sans entreprises solides, pas d’emplois. Et sans emplois, pas de recettes publiques. Le lien entre économie réelle et finances publiques n’a jamais été aussi visible.
Il faudra : réformer sans casser, assainir sans punir, protéger sans subventionner à perte. C’est peut-être dans ces séances discrètes du Congrès que se joue, plus qu’ailleurs, l’avenir économique de la Nouvelle-Calédonie.