L’image a fait le tour des réseaux : des jeunes filles voilées, assises dans les tribunes de l’Assemblée nationale. Là où furent votées les grandes lois républicaines, où s’est forgée l’idée même de laïcité, symbole d’un État neutre, une religion s’est invitée, ostensiblement. Ce n’est pas un détail vestimentaire, c’est un signal. Et derrière ce signal, une question de fond : la République doit-elle encore tolérer, dans ses murs, ce qui contredit son esprit ?
La laïcité à l’épreuve du relativisme
Il me paraît inacceptable que de jeunes enfants puissent porter des signes religieux ostensibles dans les tribunes
a réagi la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet. Un rappel salutaire, dans un contexte où chaque recul face à la religion se paie cher en cohérence républicaine.
Le symbole est fort : c’est dans l’Hémicycle, ce « temple de la République », qu’ont été votées la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État et celle de 2004 interdisant le port de signes religieux à l’école publique. Ce lieu n’est pas un décor, mais un espace sacré de neutralité.
Or, cette semaine, des écolières voilées ont pris place dans les tribunes, accompagnées d’adultes également voilées. Ce simple fait a suffi à diviser la classe politique. D’un côté, ceux qui estiment que « la loi ne l’interdit pas » ; de l’autre, ceux qui rappellent que la République n’est pas un tapis sur lequel on piétine ses principes.
La France n’est pas une terre islamique, le port du voile est interdit à l’école ; il devrait l’être dans les sorties scolaires
a martelé Jordan Bardella. Derrière cette phrase, un constat : la laïcité n’est plus une évidence, elle est devenue un champ de bataille idéologique.
L’Assemblée, miroir d’une France fracturée
Cette polémique ne naît pas de nulle part. Elle s’inscrit dans une série de renoncements progressifs : burkini dans les piscines municipales, prières de rue tolérées, accommodements culturels dans les cantines. À chaque fois, on nous explique qu’il s’agit d’un « cas isolé », d’un « malentendu ». À chaque fois, c’est une petite victoire pour le communautarisme.
Yaël Braun-Pivet a dit avoir « appelé chacun à une extrême vigilance pour que cela ne se reproduise pas ». Mais la vigilance ne suffit plus : il faut une ligne claire. Le règlement de l’Assemblée impose une « tenue correcte » et exige d’être « découvert ». Ce n’est pas anodin. Être découvert, c’est montrer son visage à la République, sans médiation, sans signe d’appartenance.
Comme le résume un député du centre : « La République n’a pas à s’adapter aux religions, ce sont les religions qui doivent se soumettre à la République. »
Le député Nicolas Metzdorf réagit :
Laisser entrer des jeunes filles voilées dans le temple de République et donc de la laïcité est un pas insupportable de plus vers l’islamisation de la France. Qu’on se comprenne, chacun a le droit de croire ou de ne pas croire, mais la religion doit rester de l’ordre du privé et du discret. J’encourage la présidente de l’assemblée à faire preuve de fermeté quant aux tenues exigées pour atteindre l’hémicycle.
À force de céder au nom du « vivre-ensemble », on oublie parfois de vivre debout. L’affaire du voile à l’Assemblée n’est pas un incident : c’est un symptôme. La République vacille quand elle hésite à dire non. La fermeté n’est pas une intolérance, c’est une exigence. Il est temps que la laïcité cesse de s’excuser d’exister.















