Ils veillent dans l’ombre, sans flatter les caméras.
Et lorsqu’un danger émerge du passé, ce sont eux qui montent en première ligne.
LES FANC, SEULS DÉTENTEURS DU SAVOIR-FAIRE NEDEX EN NOUVELLE-CALÉDONIE
Le 1er décembre 2025, une munition héritée de la Seconde Guerre mondiale a été mise au jour par des ouvriers sur le site du futur mess des Artifices, à la pointe de l’Artillerie, à Nouméa. Un simple vestige ? Non : un rappel cinglant que l’histoire n’a jamais totalement quitté le territoire. Aussitôt alertée, l’équipe NEDEX (Neutralisation, Enlèvement et Destruction des Explosifs) des Forces armées de la Nouvelle-Calédonie s’est rendue sur place pour lever tout doute et sécuriser la zone.
L’objet identifié n’était qu’une douille vide de 105 mm, sans danger immédiat. Mais, comme toujours, l’intervention a suivi les procédures strictes qui garantissent l’absence de risque pour les travailleurs comme pour la population. Ce geste, répété des dizaines de fois par an, témoigne d’une réalité trop souvent oubliée : la sécurité pyrotechnique du territoire repose entièrement sur l’expertise militaire.
En effet, en Nouvelle-Calédonie, seuls les démineurs des armées sont habilités à traiter l’ensemble des munitions, qu’elles soient d’origine militaire, civile ou artisanale. Un principe juridiquement fondé sur le Code de la sécurité intérieure et rendu nécessaire par l’absence d’équipe de déminage de la sécurité civile sur le territoire.
Cette compétence unique est incarnée par le GRIN-NC, le Groupe régional d’intervention NEDEX, créé en 1984. Sous l’autorité du COMSUP, il constitue l’un des piliers de la protection du territoire, de ses habitants et des infrastructures vitales. Et, lorsque l’urgence l’exige, ses experts interviennent également sur demande du Haut-commissariat, au profit du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Une collaboration exemplaire, qui montre que la protection des populations reste un impératif national partagé.
UNE UNITÉ D’EXCEPTION, AU CŒUR DU TERRITOIRE ET DES RISQUES RÉELS
Basé au quartier Gribeauval, implanté précisément là où la munition de décembre a été retrouvée, le GRIN-NC rassemble six spécialistes aguerris :
– quatre démineurs de l’armée de Terre ;
– un plongeur démineur de la Marine ;
– un démineur de l’armée de l’Air et de l’Espace.
Tous brevetés NEDEX, tous formés pour intervenir sur les menaces explosives les plus diverses : munitions conventionnelles, dispositifs improvisés, pièges, engins NRBC. Leur polyvalence est unique en Outre-mer, renforcée depuis 2008 par la capacité d’intervention subaquatique et la compétence sur vecteurs aériens.
Ces militaires ne sont pas des techniciens comme les autres : ce sont des soldats ayant servi en opérations extérieures Sahel, Irak, Afghanistan où les explosifs ne pardonnent jamais. Ce vécu opérationnel fonde une partie de leur excellence. Le reste relève de l’entraînement constant. Chaque équipier doit maintenir des compétences exigeantes, mises à jour lors de recyclages réguliers et d’entraînements hebdomadaires.
L’astreinte, elle, est permanente : 24 h/24, 7 j/7, par binôme, avec obligation d’être au quartier en moins de 30 minutes lorsqu’ils sont de service. Les interventions peuvent se faire par voie terrestre, aérienne ou maritime, sur l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie, mais aussi à Wallis-et-Futuna ou sur les navires civils et militaires présents en eaux françaises.
C’est le prix de la vigilance. Et surtout, c’est le prix de la sécurité.
Chaque année, la trentaine d’interventions du GRIN-NC touche principalement des munitions de la Seconde Guerre mondiale, toujours nombreuses dans les sols, mais pas seulement. Le groupe est mobilisé sur des opérations atypiques : destruction d’acide picrique, neutralisation d’un dispositif pyrotechnique de parachute après crash, sécurisation d’événements majeurs, inspections judiciaires, fouilles préventives lors de visites officielles ou manifestations d’ampleur.
Il participe même, aux côtés du RAID et du GIGN, à des exercices antiterroristes où son expertise fait partie intégrante du dispositif national de protection. Un rôle stratégique, discret mais essentiel, rarement valorisé à sa juste mesure.
UNE MISSION AU SERVICE DE LA NATION, PORTÉE POR DES HOMMES D’EXPÉRIENCE
Au-delà des interventions spectaculaires, le GRIN-NC mène un combat souvent invisible mais tout aussi crucial : la formation et la sensibilisation. Écoles, douanes, police, gendarmerie, sapeurs-pompiers, entreprises, lycées, journées de la sécurité… Leur mission consiste aussi à apprendre aux Calédoniens les bons réflexes :
– ne jamais toucher une munition ;
– ne jamais déplacer ou ouvrir ;
– signaler précisément le lieu ;
– et surtout, prévenir immédiatement les autorités.
Cette pédagogie, sobre et efficace, sauve des vies. Mais elle nécessite une population vigilante et responsable. Loin des discours victimaires, les FANC rappellent que la sécurité est un effort partagé. Les militaires ne peuvent pas tout. La population doit aussi assumer sa part, en respectant les consignes et en signalant toute découverte suspecte.
Les hommes du NEDEX, eux, interviennent toujours en conditions réelles, parfois au milieu du public, parfois au cœur d’un quartier résidentiel, parfois en mer. Ils savent que chaque geste compte. Ils savent que l’erreur n’existe pas. Et ils continuent, avec passion, discipline et sens du devoir, à protéger un territoire qui reste exposé à des risques bien concrets.
La découverte du 1er décembre à l’Artillerie ne sera certainement pas la dernière. Le passé continue de remonter à la surface, et les FANC continuent de s’y confronter, avec rigueur et professionnalisme.
En 2025, près de trente interventions NEDEX ont déjà été réalisées. Trente occasions d’éviter un drame, trente rappels de l’importance stratégique de ces spécialistes, trente preuves que la sécurité du territoire repose encore et toujours sur la compétence de l’État et de ses forces armées.
Dans un monde où l’on critique souvent trop vite ceux qui protègent, il est bon de rappeler cette vérité simple :
la sécurité de la Nouvelle-Calédonie tient aussi à ces soldats silencieux qui, chaque jour, neutralisent les dangers que d’autres ne voient même pas.


















