NMC en crise, mines bloquées, syndicats mobilisés : une tribune qui dévoile le paradoxe politique derrière l’effondrement du secteur minier.
Le paradoxe d’une entreprise qui tombe non pas faute de marché, mais faute de pouvoir travailler
La crise actuelle de la Nickel Mining Company n’a rien d’une fatalité industrielle. La NMC n’est ni une société en perte de clients, ni une structure dépassée par la concurrence. Elle dispose d’un contrat solide avec Gwangyang, d’une demande constante et d’un savoir-faire qui n’a jamais été remis en cause.
Ce qui l’a frappée de plein fouet, ce sont les blocages successifs de ses sites miniers. Dix-sept mois d’arrêt à Nakéty, d’autres interruptions à Kouaoua, toujours dans des zones coutumières alignées sur les mouvances indépendantistes. Des sites paralysés, des équipes empêchées, une production réduite à 70 % de son potentiel. La trésorerie s’érode, les sous-traitants tombent, les salariés glissent vers le chômage partiel.
Ce n’est pas l’économie mondiale qui a fait tomber la NMC. Ce sont des groupes locaux qui l’ont empêchée de produire.
Ceux qui ont paralysé les sites se retrouvent aujourd’hui à demander que l’État répare les dégâts
Le contraste est saisissant. À peine les mines rouvertes, voilà que l’USTKE, syndicat historiquement proche du FLNKS, se présente devant le haut-commissariat pour réclamer une intervention urgente de l’État. Dans les rangs, des drapeaux, des slogans, des appels légitimes à sauver plus de 2 600 emplois.
Mais difficile d’ignorer la contradiction fondamentale. Les blocages de Nakéty et de Kouaoua proviennent de zones où les forces coutumières et politiques alignées sur le FLNKS ont imposé leur rapport de force. Et la CCAT, qui a paralysé le territoire en 2024, est dirigée par Christian Tein, également président du FLNKS.
Les mêmes mouvances qui ont bloqué les axes, interrompu l’économie et stoppé les mines, exigent aujourd’hui que l’État efface la facture. Les salariés n’y sont pour rien, mais la mécanique politique est flagrante : on bloque d’abord, on proteste ensuite, et l’on finit par demander à Paris de réparer les conséquences du blocage.
Une économie qu’on fragilise le matin et qu’on veut sauver le soir : l’équation impossible
Cette logique pèse lourd sur le territoire. Elle installe l’idée dangereuse que l’on peut multiplier les blocages sans jamais assumer leurs effets, que l’État paiera quoi qu’il arrive, que les entreprises devront survivre dans un climat d’incertitude permanente.
Pourtant, la première richesse de la Nouvelle-Calédonie reste son nickel. Aucun investisseur ne peut s’engager dans un modèle où des groupes peuvent arrêter une mine pendant plus d’un an. Aucun plan industriel ne peut se déployer dans un environnement où la stabilité dépend de rapports de force souvent extérieurs à l’entreprise.
On ne peut pas vouloir l’emploi tout en validant des méthodes qui le détruisent. On ne peut pas réclamer un avenir économique tout en rendant impossible le travail de ceux qui le construisent.
Le moment de vérité : choisir entre le droit commun ou la pression permanente
La NMC ne s’effondre pas parce qu’elle est mal gérée. Elle s’effondre parce qu’elle a été empêchée. Et ce sont des centaines de familles, des sous-traitants, des communes entières qui en payent aujourd’hui le prix.
La Calédonie se trouve face à un choix clair : soit elle revient à un cadre où le droit garantit l’activité économique, soit elle continue d’accepter qu’une minorité puisse bloquer l’économie puis reprocher au pays ses propres conséquences.
Le nickel ne survivra pas à l’ambiguïté. L’économie calédonienne non plus.


















