Le MNIS s’agite, parle fort et multiplie les grands discours… mais ne représente personne dans les urnes.
À lire leur dernier communiqué, une certitude se confirme : ce mouvement minoritaire veut imposer une vision qui ne repose sur aucune légitimité démocratique.
Un mouvement sans élus qui multiplie les proclamations
Le communiqué publié le 5 décembre 2025 par le MNIS n’a rien d’un document stratégique. C’est plutôt un exercice de communication interne destiné à masquer une réalité simple : le MNIS n’a aucun élu, aucune implantation démocratique et aucune capacité institutionnelle. Pourtant, le mouvement prétend parler « au nom du peuple kanak », alors même que les urnes ont toujours raconté une autre histoire.
Le texte commence par reprendre les grands classiques indépendantistes : la « souveraineté » comme horizon, la « validation politique et juridique » d’un futur État, et l’éternel rejet de toute méthode qui ne cadrerait pas avec leur logiciel idéologique. C’est le refrain habituel, celui d’un groupuscule qui tente d’exister politiquement en répétant des slogans.
Le MNIS attaque ensuite le « brouillon d’accord de Bougival », qu’il dénonce comme une démarche trompeuse. Mais ce rejet systématique est devenu un rituel : le MNIS refuse tout ce qui ne correspond pas à son propre cadre doctrinal, comme s’il s’agissait du centre de gravité de la vie politique calédonienne. En réalité, le mouvement n’a pas participé aux négociations, n’a aucun mandat électoral et n’a aucune responsabilité exécutive. Le communiqué oublie de rappeler ces éléments essentiels.
Enfin, le MNIS accuse les « pratiques néocoloniales » et la « gouvernance macroniste » d’avoir dégradé le pays. Une ligne d’attaque automatique, prévisible, qui masque mal le fait que les principales crises sociales, économiques et sécuritaires proviennent aussi de choix politiques faits dans les provinces indépendantistes, notamment au Nord.
Une étrange obsession : tout miser sur la Province Sud
Le cœur du communiqué, c’est clairement la « stratégie » du MNIS : se recentrer sur la Province Sud. Une ambition surprenante pour un mouvement qui ne pèse rien électoralement et qui n’a jamais obtenu la moindre représentation dans la province la plus peuplée du pays.
Le MNIS explique vouloir « concentrer ses forces » dans le Sud pour renforcer son influence. On reste perplexe : quelles forces ? Combien de militants ? Quels élus ? Quel mandat ? L’écart entre la rhétorique et la réalité est immense.
Plus grave encore, ce choix ignore totalement les urgences réelles qui frappent les provinces Nord et Îles, censées être les bastions de la mouvance indépendantiste. Si le MNIS voulait « défendre le peuple », il commencerait par regarder la situation là où les populations souffrent le plus :
– disparités sanitaires criantes dans les Îles, faute de médecins et de présence médicale durable ;
– abandon progressif de la doctrine nickel dans le Nord, un modèle économique censé être « souverain » mais qui s’est effondré face au monde réel ;
– tourisme en déclin à Lifou, où même les projets phares comme Wadra Bay n’avancent plus dans la trajectoire annoncée : un projet qui passe de cinq à quatre étoiles, symbole d’un développement qui recule au lieu de progresser.
Au lieu d’affronter ces réalités, le MNIS préfère viser la Province Sud, où il espère exister médiatiquement et peser sur le débat en surfant sur les réseaux sociaux et sur des Facebook Live improvisés. Un outil d’influence, oui. Un outil de gouvernance, certainement pas.
Car pendant que le MNIS dénonce, critique et théorise, les habitants des Îles et du Nord quittent leur province pour s’installer massivement en Province Sud, faute de perspectives. Ce mouvement démographique massif, observable depuis des années, est la preuve la plus concrète de l’échec des politiques menées dans les zones contrôlées par l’indépendantisme. Mais cela, le communiqué ne le mentionne jamais.
Une communication agressive pour masquer un vide politique
Le communiqué se termine sur un appel aux militants à venir à Ponérihouen pour afficher une unité de façade. Le MNIS saluerait le retour de certaines figures historiques et invoquerait le FLNKS comme s’il en était un pilier incontournable. Dans les faits, le MNIS n’est qu’un courant marginal, toléré, parfois écouté, mais jamais en position de diriger quoi que ce soit.
La stratégie est transparente : occuper l’espace médiatique, multiplier les publications, produire des vidéos militantes et répéter un discours souverainiste sans jamais proposer une feuille de route économique crédible. Les mots sont grands : « horizon souverain », « vision stratégique », « lutte contre les inégalités ». Mais, derrière ces déclarations, aucun plan, aucune réforme actionnable, aucune projection chiffrée.
Au contraire : le MNIS critique les autres, refuse tout compromis, rejette tout accord institutionnel et se pose en gardien de la ligne dure. Pourtant, les seules institutions qu’il administre sont… inexistantes. Sans élus, sans bilan, sans responsabilité, il est facile de s’ériger en tribunal politique permanent.
Plutôt que de s’imposer artificiellement dans la Province Sud, le MNIS devrait commencer par regarder l’état réel des territoires qu’il prétend représenter. Le Nord et les Îles ont besoin de politiques publiques stables, de stratégies de long terme et d’investissements crédibles pour permettre aux populations de vivre, travailler et se projeter sans devoir migrer vers le Sud.
Mais cette priorité n’apparaît nulle part dans leur communiqué. Et c’est bien là le problème : un mouvement qui rêve de souveraineté, mais qui ignore les réalités de terrain.

















