ESQUIVE. Devant la commission d’enquête sur les liens entre partis politiques et islam radical, le leader insoumis a enchaîné leçons d’histoire et dénonciation de « l’islamophobie »… sans répondre aux questions.

« Je suis sûr qu’il ne viendra pas », prédisait un cadre de la commission d’enquête fin novembre. Jean-Luc Mélenchon s’est pourtant bien présenté à l’Assemblée nationale, ce samedi, pour être auditionné sur les liens supposés entre son parti et les réseaux islamistes. L’air détendu, accoudé sur le fauteuil à sa gauche, le fondateur de La France insoumise – entendu en tant que codirecteur de l’Institut La Boétie (son cercle de réflexion) – donne le ton dès le propos liminaire : il n’est pas venu pour répondre aux accusations, mais pour faire son show.
L’heure et demie de questions-réponses débute par des propos mi-offensifs mi-ironiques à destination, pêle-mêle, de François Hollande, Laurent Wauquiez (à l’initiative de ladite commission) ou encore du Rassemblement national. « Pourquoi ne pas les avoir interrogés eux ? » lance l’ancien socialiste, arguant que les investigations menées ont conduit à « innocenter absolument » LFI.
« Autrefois tout le monde mettait un foulard, aucune femme ne sortait “en cheveux” »
S’ensuit une saillie contre le récent sondage choc de l’Ifop sur l’islam en France et son instigateur, le magazine Écran de veille, qui serait « manipulé » par les Émirats arabes unis – et contre lequel son mouvement a saisi la justice. Puis un pseudo-cours magistral sur l’histoire des religions en France, durant lequel celui qui ne manque pas de rappeler son enfance pieuse s’essaie à maintes reprises à des comparaisons entre catholiques et musulmans, que ce soit sur le voile (« Autrefois tout le monde mettait un foulard, aucune femme ne sortait “en cheveux” ») ou sur les discriminations (« Ils ne font pas l’objet en France de persécutions comme c’est le cas pour les musulmans »).
Prisca Thevenot tente de l’acculer
Invité à expliciter son évolution d’ancien « laïcard », Mélenchon assume : « J’ai renoncé à une forme d’anticléricalisme grossier duquel je veux m’excuser. » Même argument pour son usage du terme « islamophobie », dont il balaie la récupération par les sphères islamistes. La Marche contre l’islamophobie en 2019 aux côtés du désormais dissous Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), lors de laquelle des « Allah Akbar » ont été entendus à proximité du Bataclan ? « Nous ne sommes pas le seul mouvement de gauche à y avoir participé », se justifie-t-il sobrement.
La députée macroniste Prisca Thevenot tente de l’acculer : « Cautionnez-vous que Rima Hassan ait des liens assumés avec des associations liées aux Frères musulmans ? Qu’elle ait été en Jordanie pour une manifestation en hommage à un terroriste ? Comment voyez-vous la proximité de plusieurs élus insoumis avec Shahin Azami, un agent d’influence iranien ? »
Mélenchon botte en touche. « Il nous a fait un grand numéro d’embrouille. Cours d’histoire et de français, récit sur son enfance… On a tout eu, sauf des réponses, réagit la parlementaire EPR auprès du JDD. Ça aurait pu être drôle si ce n’était pas dramatique ! » L’audition de Mélenchon terminée, c’est le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, qui a été entendu. Avant les conclusions de cette commission qui seront rendues le 10 décembre.
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