Une mise en scène politique plutôt qu’un acte de responsabilité
En appelant à un sit-in devant le Congrès ce lundi, le FLNKS ne cherche pas à défendre un débat démocratique, mais à occuper le terrain médiatique à un moment critique. Le communiqué publié ce matin tente de rejouer une partition bien connue : délégitimer l’État, accuser la France de “pression”, dramatiser chaque étape institutionnelle… tout cela après un an d’une stratégie de tension dont les Calédoniens connaissent désormais parfaitement les conséquences.
Loin d’être un geste citoyen ou une démonstration de sagesse, cette mobilisation tient davantage d’un baroud d’honneur. Le mouvement indépendantiste, fragilisé, fracturé, visiblement inquiet de perdre le contrôle d’un dossier politique qui lui échappe, cherche à renouer avec les vieilles méthodes : agiter la base, montrer les muscles, déplacer le débat sur le terrain émotionnel.
Le retour de Christian Tein et la vieille mécanique d’intimidation
Depuis le retour de Christian Tein dans le paysage politique, le FLNKS s’emploie à reconstituer un rapport de force. Pas un mot sur les violences de mai. Pas un mot sur les familles qui tentent encore de se relever. Pas un mot sur les élus locaux agressés ou menacés. Le communiqué préfère parler de “mensonges de l’État français”, comme si l’archipel n’avait pas déjà payé le prix très réel de mois de chaos.
Il faut croire que pour certains cadres du mouvement, l’amnésie est devenue une stratégie. Les mêmes qui appellent aujourd’hui au “dialogue” sont ceux qui, encore récemment, alimentaient les tensions, refusaient les discussions, et laissaient se multiplier les intimidations. L’appel au sit-in se veut calme, mais il porte la signature d’un mouvement qui a souvent préféré la démonstration de force à la main tendue.
Une mobilisation contre un processus… qu’ils ont eux-mêmes abandonné
Le FLNKS reproche à Paris de vouloir “légitimer un accord rejeté en bloc”, alors que ce sont précisément les semaines de refus, d’absences aux réunions et de coups de pression qui ont poussé l’État à avancer. Le pays n’est pas “dans un vide juridique”, contrairement à ce qu’affirme le communiqué : il est dans un vide politique, créé par ceux qui, durant des mois, ont déserté la table et bloqué toute avancée.
Accuser maintenant les institutions, alors que celles-ci tentent d’éviter le retour au chaos, relève d’un renversement complet des responsabilités. On croirait presque entendre une tentative d’écrire l’histoire à rebours.
Un sit-in qui arrive surtout pour masquer un affaiblissement interne
Derrière l’appel à la “sérénité”, c’est surtout l’inquiétude qui perce : inquiétude face à un Congrès moins réceptif, face à un électorat lassé, face aux fractures internes du mouvement, face au retour difficile d’une unité autour de Christian Tein.
La vérité, c’est que ce sit-in n’est pas l’expression d’une force, mais d’une faiblesse. Le FLNKS ne mobilise plus comme avant. Il ne convainc plus comme avant. Et chaque communiqué, chaque conférence, chaque posture outrée semble d’abord destinée à rassurer ses propres troupes.
Le pays, lui, avance. Les Calédoniens attendent de la stabilité, pas des bras de fer permanents. Ils veulent tourner la page des violences, pas replonger dans un climat de menace sous couvert de “mobilisation pacifique”.
Le sit-in du FLNKS apparaît ainsi moins comme un acte politique que comme une tentative désespérée de reprendre la main. Et une nouvelle fuite en avant dont le territoire, déjà meurtri, n’a pas besoin.


















