Cet après-midi, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie a tranché. Après des semaines de crispations, de calculs politiques et de déclarations martiales, les élus ont été appelés à se prononcer sur le projet de loi fixant la date et les modalités de la future « consultation citoyenne ». Un vote attendu, scruté, et qui en dit long sur l’état réel des rapports de force dans le pays.
Un vote massif… mais profondément fracturé
Sur 54 élus, 52 ont pris part au scrutin, faute de procuration déposée par Paul Néaoutyine et Philippe Blaise.
Le résultat est sans ambiguïté sur la forme : le Congrès a bien validé le texte. Mais le fond, lui, révèle une Calédonie politique coupée en trois blocs.
D’un côté, 19 voix favorables, celles des Loyalistes, du Rassemblement et du non-inscrit Y.Lecourieux, qui assument un vote clair en faveur de la stabilité institutionnelle et de la sortie de crise.
En face, 14 voix contre, exclusivement issues de l’UC-FLNKS et de la non-inscrite M.Sakilia, qui rejettent le principe même de cette consultation.
Entre les deux, 19 abstentions : l’UNI, Calédonie Ensemble et l’Éveil Océanien ont choisi de ne pas s’opposer frontalement, mais de ne pas cautionner non plus. Un positionnement qui témoigne d’un malaise politique profond.
Une consultation validée, mais un pays loin du consensus
Si la majorité relative permet au texte d’avancer, personne ne pourra prétendre que la Calédonie parle d’une seule voix. Les indépendantistes de l’UC s’inscrivent dans un refus total, l’UNI adopte une posture d’attente, Calédonie Ensemble cultive son entre-deux et l’Éveil Océanien renvoie aux négociations futures.
Pour les forces loyalistes, ce vote marque au contraire un point d’ancrage : le pays doit avancer, même sans unanimité, et la consultation citoyenne représente l’un des rares leviers encore disponibles pour rétablir la confiance entre l’État, les institutions locales et les habitants.
Une séquence politique qui ne fait que commencer
La validation du texte ne clôt rien : elle ouvre la suite. La campagne autour de la consultation s’annonce vive, polarisée, et déterminante pour l’avenir institutionnel du territoire.
Chaque camp devra maintenant convaincre, expliquer, rassembler, ou fracturer davantage. Mais une certitude demeure : la Nouvelle-Calédonie entre dans une nouvelle phase, et elle devra s’y tenir avec les forces qu’elle a, pas avec celles qu’elle rêverait d’avoir.


















