La marine chinoise ne se contente plus de montrer son pavillon : elle occupe désormais tout le Pacifique occidental. Et derrière cette démonstration, c’est une stratégie d’influence assumée qui se déploie.
Une démonstration de force qui redessine l’équilibre régional
Selon les données croisées de plusieurs pays alliés et d’images satellites, au moins sept groupes de navires chinois opèrent en même temps dans le Pacifique occidental. Une manière pour Pékin de rendre visible une flotte devenue la plus grande du monde en nombre de coques, avec plus de 370 navires, trois porte-avions et des navires d’assaut de type 075 capables de projeter une force considérable.
Sous couvert d’exercices et de « respect du droit international », la diplomatie chinoise minimise ces mouvements. Pourtant, la simultanéité et l’ampleur des déploiements traduisent une intention claire : occuper l’espace stratégique et tester la réaction américaine et alliée. Pour Washington, Tokyo ou Canberra, ces opérations participent d’un même objectif : modifier le statu quo en mer, par la présence, puis par l’intimidation.
Porte-avions, navires amphibies et bases en expansion
Le Liaoning, fleuron symbolique de la flotte chinoise, a été suivi alors qu’il franchissait la chaîne des premières îles pour évoluer dans l’ouest Pacifique. Une trajectoire scrutée par le Japon, inquiet de voir un groupe aéronaval chinois manœuvrer au large de ses eaux.
Au même moment, les images satellites du site de Yulin, sur l’île de Hainan, montrent l’absence du Shandong, signe de son déploiement en mer de Chine méridionale, tandis que le nouveau-né Fujian reste à quai. Les travaux d’extension en cours sur la base confirment que Pékin prépare sa flotte à opérer plus loin, plus longtemps, avec une logistique renforcée.
Les bâtiments amphibies de type 075, dont les Hubei et Hainan, sont eux aussi engagés. L’un s’exerce en mer de Chine méridionale avec des navires de débarquement, l’autre évolue au nord de la Papouasie-Nouvelle-Guinée escorté par un destroyer de type 055. Canberra suit ces mouvements de très près, assurant maintenir une surveillance permanente tant que le groupe naval reste dans la zone indo-pacifique.
Une présence désormais continue dans tout le Pacifique
Alors que certains groupes chinois rentrent à la base après des missions prolongées comme la 47e flottille d’escorte ou le destroyer Anshan, d’autres poursuivent une véritable tournée diplomatique maritime, à l’image du groupe mené par le Changbaishan, arrivé à Jakarta après des escales au Vietnam et en Malaisie.
Ces mouvements forment un puzzle stratégique : Pékin occupe l’espace, teste les réactions, projette sa flotte et banalise sa présence loin de ses côtes. Les avertissements américains et australiens soulignent d’ailleurs un point central : le PLAN n’est plus une marine régionale mais une force à vocation mondiale, capable d’opérer durablement au-delà des défenses littorales chinoises.
La question désormais est de savoir si le Liaoning et le Shandong manœuvreront ensemble, un signal politique autant que militaire dans la compétition ouverte avec Washington.
Une certitude s’impose déjà : Pékin entend façonner le Pacifique selon ses règles, en s’appuyant sur une puissance navale en expansion continue.


















