Deux leaders de l’exécutif calédonien écartés un séisme politique majeur pour Calédonie ensemble. La page se tourne pour Philippe Gomès et Philippe Michel : fin de règne, début d’un remaniement inattendu.
La décision du Conseil d’État et ses conséquences immédiates
Le samedi 6 décembre, le Conseil d’État a rejeté le recours déposé par Philippe Gomès et Philippe Michel, condamnés le 1ᵉʳ juillet à respectivement quatre et trois ans de prison ferme, assortis de cinq ans d’inéligibilité, une condamnation exécutée immédiatement. En conséquence, les deux hommes perdent leur siège au Congrès de la Nouvelle-Calédonie et à la province Sud. Leur appel ne suspend pas l’exécution de la peine ce qui rend caduques leurs mandats dès cette décision.
La démission automatique de leurs mandats au Congrès et à la province Sud s’impose donc, sans appel possible : la justice a tranché, la démocratie locale s’incline devant la loi.
Entrée en scène de leurs remplaçants
Dans la foulée, les deux élus condamnés sont remplacés, boulevard Vauban, par les suivants de la liste élue en 2019 : Nina Julié et Jean Kays.
Lundi 8 décembre 2025, Jean Kays siégeait déjà sous la bannière de Calédonie Ensemble. En revanche, Nina Julié figure de l’opposition au Mont-Dore avait quitté le groupe en 2019, avec Nicolas Metzdorf, à la suite de ce qu’elle dénonçait comme une compromission de Philippe Gomès avec les indépendantistes.
Plutôt que de revenir sous l’étiquette originelle, elle a choisi de rejoindre son mouvement : Générations NC.
Un groupe fragilisé, des alliances recomposées : le coup dur pour Calédonie ensemble
Avec le départ de Nina Julié, le groupe Calédonie ensemble perd son sixième siège ce qui signifie qu’il n’a plus le nombre minimum d’élus requis pour constituer un groupe politique au Congrès.
Implications : moins de ressources, moins de poids institutionnel et une influence fortement réduite au moment crucial des décisions sur l’avenir du territoire. Ce retrait affaiblit gravement la capacité du parti à peser dans les débats et à défendre sa ligne.
Ajoutons que Nina Julié a rejoint l’intergroupe Les Loyalistes, présidé par Françoise Suve un signal fort : non seulement Calédonie Ensemble recule, mais l’équilibre politique se réorganise autour de nouvelles alliances, plus crédibles aux yeux d’une large part de l’électorat loyaliste.
Ce coup de tonnerre judiciaire et politique arrive dans un contexte où la question de la loyauté envers la France et la stabilité institutionnelle de la Nouvelle-Calédonie domine le débat. La chute de Gomès et Michel, puis le ralliement de Nina Julié à l’intergroupe Les Loyalistes, marquent un tournant stratégique.
Calédonie ensemble, affaibli, voit sa crédibilité contestée non seulement parce qu’il perd deux cadres de poids, mais aussi parce que sa capacité à porter un projet politique cohérent s’érode. À l’inverse, le bloc loyaliste semble se renforcer, prêt à peser davantage dans le Congrès et sur les politiques structurelles que le pays doit se doter pour sortir du marasme du 13 mai 2024.
Ce que cela signifie :
-
un réalignement possible des équilibres au Congrès ;
-
une moindre visibilité médiatique pour Calédonie Ensemble ;
-
un renforcement des rangs loyalistes à l’approche des échéances à venir.
Ce retournement entériné par la plus haute juridiction montre que la transparence de la justice prime sur les arrangements politiques. En privant deux élus condamnés de leur mandat, la décision redéfinit les rapports de force à Nouméa. Et si Calédonie ensemble tombe de haut, c’est pour mieux laisser place à une recomposition loyaliste assumée un message clair : la Nouvelle-Calédonie ne tolère plus les compromissions, elle exige loyauté et responsabilité.



















