J’ai voulu faire le point sur l’actualité du jour.
J’ai ouvert la radio. J’ai regretté.
J’ai appris que l’alcool était interdit tout le week-end à Poindimié.
J’ai pensé que ça allait râler.
J’ai compris que ça venait d’une agression, puis d’un commerce retourné par deux types complètement bourrés.
Du coup, je n’ai rien dit.
Quand c’est Paul Néaoutyine qui appelle l’État, en général, ça bouge.
J’ai vu que c’était aussi interdit à Ponerihouen et Kouaoua.
J’ai pensé aux fêtes qui arrivent.
J’ai pensé que ça allait être long.
J’ai entendu qu’une voiture avait brûlé au Mont-Dore.
Les trois occupants ont eu chaud. Littéralement.
Les pompiers sont arrivés. Les flammes aussi.
J’ai pensé que le caniparc n’était pas censé accueillir des barbecues.
J’ai entendu que le City Fives Nakamal avait fermé.
Six mois.
J’ai compris pourquoi : un kilo de cannabis, quatre parachutes de cocaïne.
J’ai pensé que ça faisait beaucoup pour un lieu censé vendre de la détente.
Du coup, j’ai imaginé la tête du propriétaire en garde à vue.
J’ai entendu que l’UNI se réunissait à Téné.
J’ai entendu des questions. Beaucoup de questions.
Je n’ai pas entendu de réponses.
J’ai pensé que ça devenait une habitude.
J’ai découvert que le tribunal administratif trouvait que l’État avait été défaillant en 2024.
J’ai pensé que c’était pas vraiment une surprise.
J’ai entendu le président du comité des assurances dire que les victimes pouvaient maintenant se retourner contre l’État.
J’ai pensé que ça ressemblait à un début de tempête.
Une tempête administrative, mais quand même.
J’ai appris que la gendarmerie fêtait Sainte Geneviève.
J’ai pensé aux gendarmes morts en mai 2024.
J’ai pensé que les cérémonies avaient parfois un goût amer.
Mais bon, le général avait l’air sincère.
J’ai laissé passer.
J’ai entendu parler des renforts de la sécurité civile.
Des feux. Des cyclones. Des formations.
J’ai pensé que décembre n’était pas censé être un mois reposant.
Je n’ai pas insisté.
J’ai compris que le Médipôle allait mal.
Très mal.
Les syndicats l’ont dit. Encore.
J’ai pensé qu’à force de lancer des alertes, ils allaient finir sans voix.
J’ai espéré que quelqu’un, quelque part, écouterait.
Juste une fois.
J’ai appris que la charte Romain Jacob servait à éviter des ruptures de soins pour les personnes handicapées.
J’ai pensé que c’était bien.
J’ai aussi pensé que c’était fou d’avoir besoin d’une charte pour ça.
J’ai entendu que les mangues et les letchis ne seraient pas là cette année.
J’ai pensé que même les fruits avaient décidé de prendre des congés.
J’ai trouvé ça presque ironique.
Puis j’ai été noyé sous les animations de Noël.
Nouméa, Dumbéa, Mont-Dore, Boulouparis.
Des marchés, des chants, des sapins, des lumières.
J’ai pensé que la magie de Noël était plus organisée que l’État.
J’ai souri. Juste un peu.
J’ai appris que le Rimap ouvrait ses portes.
J’ai pensé à tous ceux qui se demandent s’ils doivent s’engager.
J’ai pensé qu’au moins, eux, ils recrutent.
J’ai terminé avec le foot.
Rennes-Brest, PSG-Metz, Monaco, tout le monde y passe.
J’ai pensé que ça faisait beaucoup de matchs.
J’ai pensé que j’allais sûrement en rater la moitié.
J’ai coupé la radio.
J’ai soufflé.
J’ai regardé ma journée.
J’ai pensé que l’actualité, c’était comme un mille-feuille : trop de couches, pas assez de sucre.
Bref.

















