Deux puissances nucléaires. Un détroit stratégique. Et un scénario que Washington redoutait de voir noir sur blanc.
Un document classifié qui fait trembler Washington
Un rapport confidentiel du Pentagone, révélé par le New York Times, jette une lumière crue sur un scénario longtemps jugé impensable : une défaite militaire américaine face à la Chine en cas de conflit autour de Taïwan. Baptisé « Overwatch », ce document classifié, remis en 2024 aux plus hauts responsables de la Maison-Blanche, décrit le déroulement possible d’une guerre de haute intensité entre les deux premières puissances mondiales.
Selon cette évaluation stratégique, la Chine aurait atteint un niveau de préparation militaire suffisant pour neutraliser une part majeure de l’arsenal américain dès les premières phases du conflit. Avions de chasse, navires de surface, infrastructures logistiques et même satellites militaires figurent parmi les cibles identifiées.
Cette révélation intervient dans un contexte explosif. Xi Jinping a ordonné à l’Armée populaire de libération d’être prête à une opération contre Taïwan d’ici 2027, tandis que Washington réaffirme régulièrement son soutien à l’île, revendiquée par Pékin comme une province chinoise.
Missiles, saturation et supériorité quantitative chinoise
Le cœur du rapport repose sur un constat brutal : la supériorité technologique américaine ne compenserait plus l’avantage quantitatif chinois. Pékin disposerait de réserves massives de missiles, constituées patiemment sur près de vingt ans.
Les chiffres évoqués sont impressionnants. La Chine posséderait environ 600 missiles hypersoniques, capables d’atteindre cinq fois la vitesse du son, extrêmement difficiles à détecter et quasiment impossibles à intercepter avec les systèmes actuels. Cette capacité permettrait une stratégie de saturation, submergeant les défenses américaines dès les premières heures du conflit.
Même les symboles de la puissance navale américaine ne seraient pas épargnés. Le porte-avions USS Gerald R. Ford, fleuron de la flotte mis en service en 2022 et coûtant 13 milliards de dollars, serait jugé hautement vulnérable face aux frappes chinoises de nouvelle génération.
Ce diagnostic rejoint les déclarations de Peter Hegseth, secrétaire américain à la Défense, qui reconnaissait récemment que lors des jeux de guerre internes du Pentagone, les États-Unis « perdent systématiquement » face à la Chine dans un scénario Taïwan.
Une armée américaine puissante mais mal préparée à une guerre longue
Le rapport pointe une faiblesse structurelle majeure : la dépendance du Pentagone à des systèmes d’armes sophistiqués, coûteux et peu remplaçables, conçus pour affronter des adversaires asymétriques, et non une grande puissance industrielle comme la Chine.
À l’inverse, Pékin aurait fait le choix stratégique d’armes moins chères, produites en masse, et adaptées à un conflit prolongé. Les États-Unis, eux, seraient aujourd’hui incapables de produire munitions et équipements au rythme nécessaire pour soutenir une guerre de haute intensité sur la durée.
Cette fragilité est aggravée par les engagements actuels de Washington. Le soutien militaire massif à l’Ukraine et à Israël pèse lourdement sur les stocks et les capacités industrielles américaines. Malgré un budget de défense colossal – environ 3,4 % du PIB, un niveau historiquement bas sur les 80 dernières années – l’armée américaine manquerait de profondeur stratégique.
Dans ce contexte, la récente vente d’armes américaines à Taïwan, approuvée depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, apparaît comme un facteur de tension supplémentaire. Pékin s’y est opposé avec fermeté, réaffirmant qu’il n’excluait pas le recours à la force pour reprendre le contrôle de l’île.


















