Deux ans après des alertes claires, la vérité des chiffres tombe.
La gestion publique calédonienne progresse… mais trop lentement, et parfois à reculons.
Un contrôle légal, un constat sans fard
Conformément à l’article L.262-72 du code des juridictions financières, la Chambre territoriale des comptes de Nouvelle-Calédonie a examiné les suites données aux recommandations formulées en 2023. Le cadre est clair, la méthode rigoureuse, la contradiction respectée, et les conclusions ont été délibérées le 11 juillet 2025.
Le périmètre est large : Nouvelle-Calédonie, province Nord, Agence calédonienne de l’énergie, GIP Union pour le handicap. Au total, 39 recommandations et 10 rappels au droit ont été passés au crible.
Le résultat global est sans ambiguïté : seulement 57 % des recommandations sont mises en œuvre totalement ou partiellement. Autrement dit, près d’une sur deux reste lettre morte.
Gouvernance et finances : le cœur du problème
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Trois quarts des recommandations concernent la gouvernance et l’organisation interne, un domaine pourtant fondamental pour la soutenabilité des finances publiques et la crédibilité de l’action publique.
La Nouvelle-Calédonie, censée donner l’exemple, affiche des résultats particulièrement préoccupants :
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36 % seulement de mise en œuvre partielle sur les recommandations fiscales
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Plus de la moitié non mises en œuvre dans la gestion sanitaire et sociale
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Aucun pilotage centralisé, chaque direction agissant isolément
À l’inverse, l’Agence calédonienne de l’énergie démontre qu’une autre voie est possible : 92 % des recommandations mises en œuvre, grâce à un suivi structuré, des rapports réguliers et une information transparente de la tutelle.
La leçon est claire : quand les institutions s’organisent, les résultats suivent.
Argent public, soins, fraude : des retards lourds de conséquences
Sur les sujets qui touchent directement les Calédoniens, le retard devient dangereux.
La Chambre pointe une faible mise en œuvre des recommandations liées à la cohésion et à l’attractivité du territoire, pourtant cruciales dans un contexte post-émeutes et de crise sanitaire persistante.
Pire encore, les recommandations relatives à la lutte contre la fraude sanitaire et fiscale ont majoritairement été ignorées, malgré des enjeux financiers majeurs.
La Chambre a d’ailleurs dû saisir le parquet général près la Cour des comptes, preuve que l’alerte n’est pas théorique mais bien institutionnelle et juridique.
Sur l’accès aux soins, les constats sont tout aussi sévères : déserts médicaux, dépendance accrue aux évacuations sanitaires, gouvernance éclatée. Les outils existent, les diagnostics sont posés, mais l’exécution politique reste défaillante.
Ce rapport n’est ni militant ni idéologique. Il est factuel, documenté, vérifiable.
Il démontre une réalité dérangeante : la mauvaise gestion n’est pas une fatalité, mais un choix par l’inaction.
Dans un territoire sous tension financière, sociale et institutionnelle, ne pas appliquer les recommandations de la Chambre territoriale des comptes revient à fragiliser l’ordre public financier et à trahir l’exigence de rigueur due aux contribuables.
L’autorité commence par le respect des règles, et la crédibilité politique par la bonne gestion de l’argent public.


















