EXCLUSIF. Le jour même de son anniversaire, Marion Maréchal a été reçue au Vatican par le pape Léon XIV. L’eurodéputée a échangé avec le souverain pontife lors d’une rencontre à forte portée politique et symbolique, qu’elle inscrit dans un combat assumé pour la défense des racines chrétiennes de l’Europe.

Pour les fidèles, il y a parfois des coïncidences qui n’en sont pas vraiment. Le 10 décembre dernier, alors que Marion Maréchal fête ses 36 ans, la présidente d’Identité-Libertés, eurodéputée et membre du groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR) au Parlement européen, franchit les portes du Palais apostolique pour rencontrer le pape Léon XIV. Ce rendez-vous s’inscrit dans un cadre officiel : le souverain pontife reçoit une délégation de députés européens réunis à Rome à l’occasion de Journées d’étude consacrées à l’avenir civilisationnel de l’Europe. L’eurodéputée est d’ailleurs intervenue quelques heures plutôt lors de cet événement, appelant à « affirmer clairement nos racines chrétiennes » et estimant que « brandir la laïcité ne suffit pas face à l’offensive islamiste sur notre continent », selon un proche de l’eurodéputée.
À cette occasion, les dirigeants du groupe ECR remettent alors au pape la charte dite de Subiaco, un texte fondateur qui place explicitement l’action politique du groupe dans l’héritage de saint Benoît. « L’Europe est avant tout un concept historique et culturel », proclame son premier article, rappelant l’ancrage hellénistique, romain et chrétien du continent. Un message qui trouve naturellement un écho particulier au Vatican.
La rencontre se déroule dans la salle Clémentine, l’une des salles d’audience privée du Palais apostolique. Devant l’ensemble de la délégation, le pape Léon XIV prononce une allocution d’environ quinze minutes, avant de saluer individuellement les principaux responsables politiques présents. Les échanges sont brefs mais intenses. « Ce n’est pas une discussion protocolaire et distante », confie un proche de Marion Maréchal.
Entre la présidente d’Identité-Libertés et le souverain pontife, la conversation se fait en français. « Marion lui demande de prier pour la France. Il la remercie pour son engagement », rapporte un membre de son entourage. Peu de mots, mais un moment chargé d’émotion. D’autant plus que l’eurodéputée tient à remettre au Saint-Père une lettre très particulière : quelques lignes écrites par sa fille, Olympe. Dans l’entourage de Marion Maréchal, on insiste sur l’état d’esprit dans lequel elle ressort de l’audience : « Elle est impressionnée, évidemment, mais surtout profondément émue. Ce qui la marque, c’est la simplicité du pape. Le Saint-Père dégage une réelle douceur dans sa manière de communiquer, une forme d’autorité tranquille ».
Si l’échange personnel est court, le message politique et spirituel adressé par Léon XIV à l’ensemble des députés ECR est, lui, particulièrement clair. Le souverain pontife affirme avec force que « l’identité européenne ne peut être comprise et promue qu’en référence à ses racines judéo-chrétiennes », évoquant les cathédrales, l’art, la musique, les universités et les progrès scientifiques comme fruits directs de la civilisation chrétienne. « Une histoire qui doit être préservée et célébrée », insiste-t-il. Le pape exhorte également les responsables politiques à défendre les plus faibles et les plus humbles. Il évoque les principes éthiques du christianisme, en insistant sur la défense de la vie et en faisant particulièrement écho au débat parlementaire sur l’euthanasie en France. Enfin, dans la ligne de Benoît XVI, il appelle à renforcer le dialogue entre la foi et la raison.
Une rencontre symbolique
Quarante ans plus tôt, en avril 1985, Jean-Marie Le Pen est reçu par Jean-Paul II, qui l’exhorte alors à « s’opposer avec vigueur à la décadence de l’Europe ». Depuis le grand-père de Marion Maréchal, aucun dirigeant de premier plan du camp national ne s’est entretenu avec un souverain pontife. « Le contexte a changé, mais l’enjeu civilisationnel demeure », analyse un proche qui évoque les « vagues migratoires avec, en corollaire, une islamisation de nos sociétés ».
L’Europe traverse une phase paradoxale : une déchristianisation avancée de la vie publique, mais aussi un renouveau spirituel chez une partie de la jeunesse
Pour Marion Maréchal, qui revendique une « droite civilisationnelle », cette rencontre s’inscrit dans une cohérence idéologique assumée. Elle défend la mention de notre héritage chrétien dans la Constitution française comme dans les traités européens, et se montre critique envers une laïcité devenue, selon elle, « une chasse aux repères catholiques ». À ses yeux, l’Europe traverse une phase paradoxale : une déchristianisation avancée de la vie publique, mais aussi un renouveau spirituel chez une partie de la jeunesse, en quête de sens et de repères comme peuvent en témoigner le nombre de baptêmes d’adultes ou encore la résurgence des pèlerinages.

Sur la question migratoire, l’eurodéputée défend une lecture exigeante de la doctrine sociale de l’Église, distinguant la charité individuelle des responsabilités politiques. « Le pape a raison de rappeler que chaque pays a le droit de déterminer qui entre sur son territoire », rappelle un proche, citant le catéchisme. Mais pour l’eurodéputée, « une politique migratoire qui aboutit à un appauvrissement général, à une explosion des agressions et des viols, à des tensions communautaires qui nous conduisent tout droit vers la guerre civile, n’est ni vertueuse ni charitable car elle ne permet pas le bien-être social et le développement harmonieux du groupe ». Son entourage mentionne également le principe de l’ordo caritatis, cet « ordre de la charité » qui dispose que « vous aimez votre famille, puis vous aimez votre voisin puis vous aimez votre communauté, puis vous aimez vos concitoyens dans votre pays et ensuite, après cela, vous pouvez vous concentrer et donner la priorité au reste du monde ».
Le 10 décembre, au Vatican, Marion Maréchal vit une rencontre intime et politique « pleine de sens ». Son 36e anniversaire se place sous le signe d’un message clair : le besoin d’un engagement assumé pour faire perdurer les racines chrétiennes de l’Europe, au cœur même de la chrétienté.
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