Je me suis dit que ça allait être une journée tranquille.
J’ai allumé la télé.
J’ai compris que c’était une mauvaise idée.
On parlait de Noël.
De lumières.
De féerie.
J’ai cherché la féerie.
J’ai trouvé un planning.
Des enfants comptaient à rebours.
Cinq. Quatre. Trois.
Les adultes applaudissaient.
Comme si on venait d’inventer l’électricité.
On disait que la place était exceptionnellement belle.
Un havre de paix.
Dans un monde compliqué.
J’ai noté la formule.
Elle resservira.
Les artisans expliquaient qu’ils espéraient vendre.
Beaucoup.
Ou au moins assez.
Pour passer décembre.
Et janvier.
Après, des enfants dansaient.
Des parents filmaient.
J’ai pensé que le bonheur tient dans un angle de caméra.
Puis on a montré des militaires.
Des armes.
Des véhicules.
Des ateliers pour les enfants.
J’ai trouvé ça cohérent.
On a dit que c’était familial.
Je n’ai pas discuté.
Ensuite, changement d’ambiance.
Émeutes.
Condamnation de l’État.
Communiqué politique.
J’ai compris que personne n’était responsable, mais que tout le monde accusait quelqu’un.
Puis coupure d’électricité.
23 000 personnes.
Trente minutes.
Juste assez pour paniquer.
Pas assez pour apprendre.
Un accident de voiture.
Pas de blessés graves.
Heureusement.
On a dit « perturbations ».
Encore.
Des vaches abattues.
Des agriculteurs en colère.
Un virus.
Un traité.
J’ai pensé que la mondialisation a un goût amer.
À Paris, on préparait une béatification.
Des martyrs.
De la foi.
Du silence.
Pendant que d’autres comptaient des sacs de luxe volés.
676 millions de francs.
J’ai recalculé.
Deux fois.
Oui, c’était bien ça.
On a parlé de guerre.
De paix possible.
Pas maintenant.
Plus tard.
Peut-être.
Le roi allait mieux.
Bonne nouvelle.
Ça m’a semblé bizarre de m’en réjouir.
Puis le sport est arrivé.
Des défaites.
Des espoirs.
Des matchs à trois heures du matin.
J’ai bâillé.
À la fin, j’ai regardé les lumières de Noël.
Elles clignotaient.
Comme si tout allait bien.
J’ai éteint la télé.
La journée continuait.
Moi aussi.
Bref.

















