La France n’est pas une ONG diplomatique. Dans un monde de rapports de force, chaque recul territorial devient un signal de faiblesse.
Matthew et Hunter : la tentation dangereuse du renoncement
Il existe une illusion tenace en politique étrangère : celle qui consiste à croire qu’un abandon territorial peut acheter la paix, la reconnaissance ou la bienveillance. L’histoire démontre exactement l’inverse.
Le dossier des îlots Matthew et Hunter n’est pas un détail technique, ni une querelle de géographes. Il est un test de solidité stratégique pour la France.
Derrière deux îlots, une zone maritime stratégique majeure
Matthew et Hunter sont inhabités. On le répète pour mieux minimiser l’enjeu. Mais ces deux îlots ouvrent droit à une zone économique exclusive immense, riche en ressources halieutiques, énergétiques et potentiellement minières. Dans le Pacifique Sud, ce sont précisément ces espaces maritimes qui comptent, pas les surfaces émergées.
Céder ces îlots, ce ne serait pas « faire un geste ». Ce serait abandonner un espace stratégique, durablement, au moment même où la compétition maritime s’intensifie dans toute la région indo-pacifique.
Une souveraineté française claire, ancienne et assumée
La France annexe Matthew et Hunter en 1929. Leur rattachement à la Nouvelle-Calédonie est confirmé en 1965 par un accord franco-britannique. À cette date, le Vanuatu n’existe pas encore comme État indépendant.
Lorsque Port-Vila revendique ces îlots après 1980, il ne s’agit pas d’une rectification juridique, mais d’une revendication politique a posteriori. Depuis lors, la France exerce des actes de souveraineté continus, sans ambiguïté.
Revenir aujourd’hui sur cette position ne serait pas un compromis équilibré. Ce serait une réécriture de l’histoire sous pression diplomatique.
Le précédent que personne ne veut regarder en face
Le vrai danger est là. Céder Matthew et Hunter créerait un précédent explosif.
Si la France accepte de renégocier une souveraineté établie depuis près d’un siècle, sur quels fondements pourra-t-elle demain refuser d’autres revendications ? Dans le Pacifique comme ailleurs, de nombreux acteurs observent attentivement la capacité des puissances à tenir leurs lignes.
La souveraineté n’est pas divisible. Elle ne se négocie pas à la marge sans se fragiliser dans son ensemble.
Un signal de faiblesse dans un monde qui n’en pardonne aucun
La France revendique un rôle de puissance indo-pacifique. Cette posture ne repose ni sur des discours ni sur des communiqués, mais sur des faits : territoires, ZEE, présence militaire, constance politique.
Discuter publiquement d’une cession territoriale, même limitée, envoie un message limpide : la France doute d’elle-même.
Dans un environnement international marqué par la brutalité des rapports de force, ce type de doute est immédiatement exploité. Ce ne sont pas les intentions pacifiques qui dissuadent, mais la clarté des lignes rouges.
Matthew et Hunter ne sont pas un détail : ils sont un test
Ce dossier n’est pas secondaire. Il ne relève pas d’un ajustement technique. Il interroge directement la capacité de la France à assumer sa continuité historique, sa responsabilité stratégique dans le Pacifique et le respect de ses propres engagements.
Renoncer à Matthew et Hunter aujourd’hui, ce ne serait pas moderniser la diplomatie française.
Ce serait acter l’idée dangereuse que la souveraineté peut devenir une variable d’ajustement politique.
Or l’histoire est constante, les nations qui commencent à céder sur leurs marges finissent toujours par être contestées sur leur cœur.


















