Encore une fois, derrière les discours rassurants, les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Sur le terrain, les élus locaux encaissent pendant que d’autres se défaussent.
Une assemblée sous tension malgré une gestion saluée
Réunis ce jeudi 18 décembre, les représentants des communes membres du SIVM Sud, actionnaires d’ENERCAL, ont assisté à l’assemblée générale ordinaire de l’opérateur historique de l’électricité.
Un rendez-vous attendu, à la fois institutionnel et hautement politique, tant les enjeux énergétiques pèsent aujourd’hui sur l’équilibre financier des collectivités.
Les élus ont tenu à saluer factuellement les efforts engagés par ENERCAL : redressement progressif des comptes, modernisation du service public, maintien de la continuité de la distribution malgré un contexte économique dégradé.
Des efforts réels, reconnus, mais désormais insuffisants face à l’ampleur des contraintes imposées à l’entreprise… et, indirectement, aux communes.
Car derrière les bilans présentés, une réalité beaucoup plus brutale s’impose aux organisateurs de la distribution publique d’électricité : les communes paient aujourd’hui le prix d’un transfert de charges imposé par la collectivité de Nouvelle-Calédonie.
15 milliards de dette technique : le piège financier
Le cœur de la colère est clairement identifié. Au total, 15 milliards de francs CFP correspondent à ce que les élus qualifient de « dette technique » : des investissements structurants dans les infrastructures électriques qui auraient dû être réalisés, mais qui ne le sont plus, faute de trésorerie disponible chez ENERCAL.
Sur les seuls réseaux de distribution, ce sont 3 milliards de F CFP qui n’ont pas été injectés.
Pour le SIVM Sud, l’impact est massif : 1,5 milliard de F CFP de travaux reportés, gelés, voire abandonnés.
Les conséquences sont mécaniques : 60 % du réseau intercommunal a aujourd’hui plus de 20 ans, et plus de 10 % dépasse les 40 ans.
Autrement dit, des infrastructures à bout de souffle, exposées aux pannes, aux pertes techniques et à une dégradation continue du service.
Des investissements qui s’imposent au concessionnaire, mais que celui-ci se retrouve objectivement empêché de réaliser.
Face à cette situation critique, les maires du SIVM ont collectivement alerté la Mission interministérielle à la reconstruction, soulignant le risque systémique pour la distribution électrique en Brousse comme en zone périurbaine.
Injustice territoriale et factures impayées : le carton rouge
Le malaise est d’autant plus profond que, dans le même temps, les communes de Brousse constatent des investissements toujours minimum minimorum sur leurs territoires.
Un sentiment d’abandon renforcé par une décision comptable qui passe mal.
Plus d’un milliard de francs CFP a été provisionné afin de déprécier la dette du Médipôle de Koutio, établissement public qui ne règle pas ses factures d’électricité à ENERCAL.
Un signal jugé politiquement et moralement inacceptable par les élus.
Car pendant que certaines structures publiques accumulent les impayés, les abonnés, eux, n’ont pas le choix : ils paient, sous peine de coupure.
Le SIVM a donc brandi un carton rouge clair : les usagers financent le système, l’État soutient la survie de l’opérateur, mais les communes se retrouvent prises en étau, sans marge de manœuvre ni visibilité à long terme.
Pour autant, les élus ont également tenu à regarder vers l’avenir, en soulignant un point positif majeur : plus des deux tiers de l’électricité distribuée sont désormais décarbonnés.
Une dynamique appelée à s’amplifier avec les investissements en cours, notamment sur les communes du SIVM, à Boulouparis.
Un levier stratégique pour accélérer la mobilité électrique, développer les infrastructures de recharge et rappeler une évidence trop souvent oubliée : l’avenir énergétique n’est pas une promesse idéologique, c’est déjà une réalité concrète.


















