La France sort de l’impasse politique et institutionnelle la plus grave de son histoire récente.
En décembre 1958, une page se tourne : l’autorité de l’État est restaurée, la stabilité revient, la nation reprend la main sur son destin.
De la IVe République à l’homme providentiel
Le 21 décembre 1958, Charles de Gaulle est élu président de la République pour sept ans, conformément à la nouvelle Constitution de la Ve République, entrée en vigueur le 8 octobre 1958.
Le scrutin ne surprend personne. Le Général incarne alors l’homme du salut national, celui que les Français attendent pour mettre fin au chaos institutionnel.
Lorsque Charles de Gaulle est rappelé au pouvoir le 13 mai 1958, la IVe République est à bout de souffle. Gouvernements éphémères, partis incapables de trancher, paralysie permanente : l’État est devenu impuissant.
La crise algérienne, que les majorités successives refusent d’affronter clairement, achève de discréditer le régime.
L’économie, elle aussi, souffre. La reconstruction d’après-guerre est terminée, mais la croissance ralentit. Inflation élevée, manque de devises, perte de compétitivité : la France recule pendant que d’autres avancent.
Le pays a besoin d’un cap, d’une autorité, d’un État stratège.
La Ve République : autorité, stabilité, efficacité
La priorité de Charles de Gaulle est claire : refonder les institutions.
La nouvelle Constitution rompt avec le parlementarisme instable. Elle instaure un exécutif fort, responsable devant le peuple, capable d’agir.
Le président obtient le droit de dissoudre l’Assemblée nationale en cas de blocage, et le gouvernement peut gouverner. De Gaulle obtient également du Parlement l’autorisation de légiférer par ordonnances pendant quatre mois, afin d’aller vite et fort.
À Matignon, il nomme Michel Debré, homme de rigueur et de fidélité institutionnelle. Ensemble, ils mettent fin à l’instabilité chronique qui minait l’État depuis plus de dix ans.
Les politiques publiques sont réformées en profondeur.
Dans l’éducation, la scolarité devient obligatoire jusqu’à 16 ans. L’enseignement privé est reconnu, organisé et encadré par l’État, dans une logique d’ordre et de responsabilité.
Dans la défense et la santé, la puissance publique reprend la main, assumant pleinement ses missions régaliennes.
Redressement économique et retour de la puissance française
Mais la bataille décisive est économique.
De Gaulle sait que, sans redressement financier, il n’y a ni souveraineté ni indépendance réelle.
Il confie le ministère des Finances à Antoine Pinay, figure rassurante et populaire, et s’appuie sur l’expertise du grand économiste Jacques Rueff.
Le diagnostic est sans complaisance : l’État dépense trop, la monnaie est affaiblie, les prix sont artificiellement bloqués.
Les décisions sont courageuses et impopulaires, mais nécessaires.
Les dépenses publiques sont réduites, les prix libérés, les échanges commerciaux assouplis. Le franc est d’abord dévalué, puis totalement refondu.
En janvier 1960, le franc nouveau remplace l’ancien. Une monnaie plus forte, symbole d’un pays qui se redresse.
Les résultats sont rapides : dès 1959, la croissance repart, les exportations augmentent, la confiance revient.
Fort de ce succès économique et institutionnel, Charles de Gaulle peut désormais affronter le dossier algérien avec une autorité retrouvée. L’État n’est plus faible : il est maître de ses décisions.
Un plébiscite sans ambiguïté
Le verdict des urnes est sans appel. Le 21 décembre 1958, Charles de Gaulle obtient 78,5 % des suffrages exprimés au sein du collège électoral.
Face à lui, Georges Marrane, candidat du Parti communiste, et Albert Châtelet, représentant de l’Union des forces démocratiques, ne font pas le poids. Le scrutin est une formalité, tant le pays a choisi son chef.
Rappelé au pouvoir par le président René Coty lors de l’enlisement algérien, Charles de Gaulle n’a pas seulement sauvé un régime.
Il a refondé l’État, restauré l’autorité, redonné à la France une vision, une stabilité et une ambition.
Le 21 décembre 1958 marque ainsi bien plus qu’une élection. Il consacre le retour d’une France gouvernée, assumée, souveraine.

















