La Nouvelle-Calédonie traverse une crise sanitaire silencieuse mais profonde. Derrière les discours institutionnels sur l’attractivité du territoire et la fidélisation des soignants, la réalité du terrain est bien plus brutale. La pénurie de médecins atteint aujourd’hui un niveau critique, fragilisant l’accès aux soins et mettant sous tension l’ensemble du système hospitalier.
C’est dans ce contexte déjà dégradé qu’un médecin contractuel a décidé d’alerter notre rédaction sur les pratiques de la direction du Centre Hospitalier Territorial Gaston Bourret. Un témoignage écrit, circonstancié, qui pose une question centrale : comment espérer attirer et retenir des soignants quand ceux qui sont déjà en poste dénoncent des méthodes qu’ils jugent abusives ?
Une rupture de contrat contestée par un médecin contractuel
Dans le message transmis à notre rédaction, le praticien explique que son contrat à durée déterminée a été rompu de manière anticipée par arrêté administratif, alors même qu’il n’avait formulé aucune demande de rupture. Selon lui, la situation trouve son origine dans une demande de congé sans solde, déposée dans le strict cadre réglementaire, et qui n’impliquait en rien la fin de son engagement contractuel.
Cette décision aurait eu des conséquences directes sur ses droits et sa situation professionnelle. Le médecin estime avoir été confronté à une interprétation erronée des textes, conduisant à une atteinte manifeste à ses garanties contractuelles.
Des méthodes qui interrogent en pleine pénurie médicale
Au-delà de son cas personnel, c’est la portée collective de ce témoignage qui interpelle. Le praticien met en cause des méthodes de gestion qui, selon lui, découragent les médecins contractuels, aggravent la pénurie de personnel et fragilisent la continuité des soins.
Dans un territoire où certains services fonctionnent déjà en effectifs réduits, où les délais de prise en charge s’allongent et où la pression sur les équipes restantes est constante, chaque départ non anticipé a un impact immédiat sur les patients. La gestion des ressources humaines hospitalières n’est plus un sujet interne : elle devient un enjeu de santé publique.
Une direction sous pression, un système à bout de souffle
La situation du CHT s’inscrit dans un contexte plus large de tensions structurelles : difficultés de recrutement, usure des équipes, recours massif aux contractuels, et dépendance croissante à des solutions temporaires. Dans ce cadre, toute décision administrative perçue comme brutale ou injustifiée risque d’envoyer un signal contre-productif à l’ensemble de la communauté médicale.
Le témoignage reçu pose donc une question simple mais essentielle : la direction du CHT est-elle aujourd’hui alignée avec l’urgence de la situation sanitaire, ou persiste-t-elle dans des pratiques administratives déconnectées de la réalité du terrain ?
Transparence et responsabilité au cœur de l’enjeu
Le médecin indique se tenir à disposition pour transmettre les pièces du dossier et approfondir les faits évoqués. À l’heure où la confiance entre les soignants et les institutions est déjà fragilisée, la transparence apparaît comme une nécessité absolue.
Dans un pays confronté à une pénurie médicale majeure, chaque décision compte. Chaque médecin qui renonce, chaque contrat rompu, chaque signal négatif envoyé au terrain pèse un peu plus sur un système déjà sous tension. Le sujet n’est plus seulement administratif : il engage la responsabilité collective face à l’accès aux soins de la population calédonienne.


















