Dans un entretien long et sans détour accordé à Sud TV, le député Nicolas Metzdorf dresse un constat sévère de la situation politique, institutionnelle et financière de la Nouvelle-Calédonie. Il évoque une rupture psychologique à Paris, une peur de la violence devenue structurante des décisions de l’État, et trace des lignes rouges qu’il refuse de voir franchies au nom de l’apaisement.
Le 13 mai, une bascule psychologique à Paris
Pour Nicolas Metzdorf, tout change à partir du 13 mai 2024.
J’ai noté que le 13 mai a été une bascule psychologique dans la tête des élus parisiens, toutes tendances confondues
Refusant de cibler un camp politique en particulier, il estime que la classe politique métropolitaine, peu habituée au rapport de force, serait désormais prête à tout pour éviter la violence, quitte à renoncer à des principes démocratiques essentiels.
Il faut tout faire pour éviter la violence, quitte à passer du compromis à la compromission
Le député égrène une série de décisions qu’il juge incohérentes et symptomatiques d’un État hésitant : retrait du projet de loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral, proposition d’indépendance-association, accord de Bougival, puis renoncement à la consultation faute d’accord du FLNKS.
Ça fait un an et demi de tergiversations de l’État
Bougival, une concession maximale et une ligne rouge
S’il assume l’accord de Bougival, Nicolas Metzdorf refuse catégoriquement d’aller plus loin.
Bougival, c’est déjà une concession énorme en soi
Il rappelle que cet accord contient déjà les germes d’un État dans l’État : double nationalité, loi fondamentale, transferts possibles de compétences régaliennes. Aller au-delà, selon lui, reviendrait à rendre l’indépendance inéluctable.
Le pas au-delà de Bougival, c’est l’indépendance ou l’indépendance-association. Et ça a toujours été notre ligne rouge
Interrogé sur un possible blocage institutionnel durable, il se montre inflexible. En cas d’élections provinciales organisées avec un corps électoral gelé, il se dit prêt à refuser leur tenue.
Bien sûr
Une gouvernance à bout de souffle
Sur la gouvernabilité du territoire, le constat est sombre. Gouvernement collégial, absence de majorité claire au Congrès, dépendance financière accrue vis-à-vis de Paris : pour Nicolas Metzdorf, le système actuel arrive en fin de course.
Aujourd’hui, l’État conditionne le versement des aides indispensables à notre survie à des réformes. Quelque part, l’État pilote indirectement la Nouvelle-Calédonie
Il pointe une réalité brutale : la perte des moyens financiers.
On n’a plus les moyens de nos ambitions, ni même de nos ambitions les plus modestes
Sur la question centrale des finances, Nicolas Metzdorf se montre volontairement alarmiste. Il balaie l’idée selon laquelle la Nouvelle-Calédonie pourrait gagner en autonomie tout en continuant à être financée par l’État.
La France n’a plus les moyens de payer pour des compétences qu’elle n’a pas
FLNKS, démocratie et rapport à la violence
Le député se montre particulièrement dur à l’égard du FLNKS, qu’il accuse de ne plus jouer le jeu démocratique.
Le FLNKS veut l’indépendance par la force et par l’exclusion de tous ceux qui ne sont pas indépendantistes
Il distingue cette stratégie de celle d’autres formations indépendantistes qu’il juge, à défaut d’être d’accord, au moins compatibles avec un cadre démocratique.
Le FLNKS, c’est un danger. Ils ne sont pas dans l’arc républicain
Pour lui, chaque recul de l’État face à la menace de la violence constitue un franchissement de ligne rouge.
À partir du moment où la France donne le point au FLNKS régulièrement, je considère que la ligne rouge est franchie
Un appel à la majorité silencieuse
Nicolas Metzdorf s’adresse enfin à cette majorité silencieuse qu’il estime menacée par l’inaction.
N’achetez pas à court terme le confort que vous perdrez à moyen terme
Il exhorte les Calédoniens à ne pas se laisser entraîner par une minorité violente.
Vous sacrifiez l’avenir de vos gosses
Malgré la dureté du combat, il dit continuer à croire à l’engagement.
En fait, je me bats. On est au milieu d’un combat. On donne des coups, on en prend
Dans un message de fin d’année empreint de gravité et de reconnaissance, il salue enfin la résilience des Calédoniens.
C’est vraiment un peuple solide, dur au mal
Il souhaite pour les années à venir une solution politique pérenne et, avant tout, « une bonne santé » à l’ensemble du territoire.


















