La Nouvelle-Calédonie a de nouveau été plongée dans le noir ce dimanche, à la suite d’une coupure d’électricité touchant une très large partie du territoire. Centre-ville de Nouméa, quartiers périphériques, communes du Grand Nouméa et zones d’activités : en quelques minutes, le courant a disparu, ravivant un sentiment désormais bien installé chez les habitants, celui d’un service devenu imprévisible.
Cette panne n’a rien d’exceptionnel. Elle s’inscrit dans une série de coupures de plus en plus fréquentes, parfois quasi hebdomadaires, avec une ampleur et une désorganisation qui n’étaient pas connues il y a encore quelques années.
Des incidents sans origine clairement identifiée
Comme lors des précédents épisodes, aucune explication précise n’a été apportée sur l’origine de la coupure. Les messages diffusés se sont limités à confirmer ce que chacun constatait déjà : il n’y a plus de courant, les équipes sont mobilisées, et le rétablissement est en cours.
Mais derrière ces formules convenues, une réalité plus inquiétante s’impose : à chaque panne, l’origine n’est pas identifiée. Avant de réparer, il faut comprendre. Or, cette étape semble désormais faire défaut, donnant l’image d’un réseau qui subit ses propres défaillances plus qu’il ne les maîtrise.
Factures élevées, service dégradé : la colère s’exprime
Sur les réseaux sociaux, la réaction a été immédiate. Lassitude, colère, incompréhension. Beaucoup dénoncent un paradoxe devenu insupportable : une électricité parmi les plus chères du Pacifique, pour un service de plus en plus fragile.
Les conséquences sont concrètes. Commerces à l’arrêt, pertes de produits frais, ascenseurs bloqués, perturbations de circulation, activités professionnelles interrompues. À quelques jours des fêtes, la tension est d’autant plus forte que ces coupures touchent directement l’économie du quotidien.
Une production électrique provisoire devenue permanente
Cette fragilité du réseau pose une question de fond : celle du modèle énergétique calédonien. Aujourd’hui, une part significative de l’électricité du territoire repose sur une Centrale Accostée Temporaire, installée au quai de Doniambo. Une solution d’urgence, par définition provisoire, qui s’est transformée en pilier du système électrique.
Le paradoxe est saisissant. Depuis près de quinze ans, la Nouvelle-Calédonie anticipe ses besoins énergétiques. Des usines de nickel ont été construites, des projets industriels lourds ont vu le jour, des milliards ont été investis en études, en schémas directeurs, en scénarios de production. Et pourtant, en 2025, le territoire en est réduit à produire son électricité grâce à une centrale flottante amarrée dans le lagon.
Une crise de confiance qui dépasse la simple panne
Au-delà de la coupure du jour, c’est la répétition qui inquiète. Chaque incident supplémentaire creuse un peu plus la défiance. Les Calédoniens n’attendent plus seulement un retour du courant, mais des réponses structurelles : pourquoi ces pannes se multiplient-elles ? Le réseau est-il à bout de souffle ? Le modèle de production est-il viable à moyen terme ?
À défaut de réponses claires, chaque nouvelle coupure renforce le sentiment d’un système électrique qui navigue à vue, sans visibilité ni stratégie lisible.
Quand l’urgence remplace la planification
L’électricité est une infrastructure vitale. Lorsqu’elle devient instable, c’est toute l’organisation du territoire qui vacille. La panne de ce dimanche n’est pas un accident isolé : elle est le symptôme d’un empilement de décisions temporaires devenues permanentes.
La question n’est donc plus seulement de savoir quand le courant reviendra, mais combien de temps encore la Nouvelle-Calédonie pourra fonctionner avec un système énergétique bâti sur l’urgence, plutôt que sur une planification réellement aboutie.


















