La France accélère sa mue climatique sous contrainte européenne et internationale.
Avec la stratégie nationale bas-carbone (SNBC 3), l’État trace une trajectoire assumée : transformer l’économie sans renoncer à la souveraineté.
Une nouvelle stratégie climatique sous pression internationale
Dans un contexte de neutralité carbone à atteindre en 2050, le gouvernement a rendu publiques les premières orientations de la troisième Stratégie nationale bas-carbone (SNBC 3). L’objectif est clair : réduire de 50 % les émissions territoriales brutes de gaz à effet de serre d’ici 2030, par rapport au niveau de 1990. Cette trajectoire s’inscrit dans le cadre fixé par l’Accord de Paris de 2015, qui vise à contenir le réchauffement climatique en dessous du seuil de +2 °C.
Après une consultation publique organisée du 4 novembre au 16 décembre 2024, le document de synthèse a été présenté le 12 décembre 2024. Il marque une rupture assumée avec la SNBC 2, jugée insuffisante au regard de la nouvelle ambition climatique européenne. Le message politique est limpide : l’inaction n’est plus une option, et l’État assume désormais une planification écologique plus directive.
La SNBC 3 ne se limite plus aux seules émissions territoriales. Elle intègre désormais la réduction de l’empreinte carbone globale, incluant les émissions importées. Une évolution stratégique majeure qui reconnaît enfin que la mondialisation ne peut servir d’alibi à l’inaction nationale.
2030, un jalon décisif pour l’économie française
L’horizon 2030 constitue le cœur opérationnel de la SNBC 3. C’est à cette échéance que doivent s’opérer les changements structurels les plus lourds. Le document « Premières orientations de la SNBC 3 à l’horizon 2030 » traduit les travaux menés depuis 2021 dans le cadre de la planification écologique, avec une logique assumée de répartition sectorielle de l’effort.
Tous les secteurs sont concernés : transports, bâtiment, industrie, agriculture, énergie et déchets. Les leviers d’action identifiés sont nombreux et clairement quantifiés : sobriété énergétique, report modal dans les transports, augmentation du taux d’occupation des véhicules, déploiement des carburants durables, électrification des usages, décarbonation des procédés industriels, recyclage des matières premières ou encore réindustrialisation verte.
Cette approche globale rompt avec les politiques incantatoires du passé. Elle repose sur des mesures déjà engagées, des dispositifs en cours d’instruction et des trajectoires sectorielles réalistes. Le gouvernement assume une transformation profonde de l’économie française, tout en rappelant que l’effort devra être partagé.
Les modélisations provisoires montrent une baisse progressive mais exigeante des émissions. Elles illustrent une transition qui touche le quotidien des Français, sans discours victimisant mais avec une logique de responsabilité collective.
Budgets carbone, planification et crédibilité à long terme
La SNBC repose sur un outil central : les budgets carbone, révisés tous les cinq ans. La SNBC 2 avait fixé les plafonds d’émissions pour les périodes 2019-2023, 2024-2028 et 2029-2033, en cohérence avec l’objectif alors en vigueur de –40 % d’émissions en 2030.
La SNBC 3 revoit ces plafonds à la baisse. Les estimations préliminaires indiquent un troisième budget carbone à 333 Mt CO₂éq hors UTCATF (323 Mt avec UTCATF) et un quatrième budget à 255 Mt hors UTCATF (237 Mt avec UTCATF). Un cinquième budget carbone sera fixé pour la période 2034-2038, complété par des budgets indicatifs sur l’empreinte carbone et les soutes internationales.
Au-delà de 2030, la stratégie assume un horizon plus incertain mais structurant. Les objectifs sont clairement posés : réduction de 50 % de la consommation d’énergie en 2050 par rapport à 2012, sortie du charbon en 2030, du pétrole en 2045 et du gaz en 2050. Ces choix engagent durablement la nation.
La crédibilité de la SNBC 3 reposera sur la capacité de l’État à assurer les équilibres systémiques : bouclage électrique, disponibilité de la biomasse, accès aux ressources critiques, allocation de l’espace. Autant de défis que le gouvernement reconnaît explicitement, sans les masquer derrière des slogans.
Avec la SNBC 3, la France fait le choix d’une écologie de responsabilité, planifiée, assumée et compatible avec la puissance économique. Une trajectoire exigeante, mais indispensable si le pays veut rester maître de son destin énergétique et industriel.


















