La loi ne se négocie pas sur les étals. En Nouvelle-Calédonie, la protection des ressources marines passe par l’autorité de l’État et le respect strict des règles.
Opération COTAF : l’État réaffirme son autorité sur la pêche
La pêche, qu’elle soit côtière ou hauturière, n’est pas une activité anodine en Nouvelle-Calédonie. Elle représente un enjeu économique structurant, un défi environnemental majeur et un marqueur de souveraineté. Contrairement aux discours laxistes, la ressource marine n’est pas inépuisable et ne saurait être livrée à l’anarchie.
Ce vendredi 19 décembre au matin, une opération de police des pêches a été conduite au marché municipal de Nouméa dans le cadre de l’opération COTAF. Cette action coordonnée a mobilisé les forces de sécurité intérieure, les services de l’Action de l’État en mer, ceux de la province Sud, du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et de la CAFAT. Une démonstration claire : l’État est présent, organisé et déterminé.
Les objectifs étaient précis et assumés : contrôler les quotas, vérifier les espèces autorisées, lutter contre la vente illégale des produits de la mer et traquer le travail dissimulé. Seuls les pêcheurs titulaires d’une autorisation provinciale de pêche professionnelle sont légalement habilités à vendre le fruit de leur activité. Cette règle n’est ni symbolique ni négociable.
Résultat factuel et sans interprétation : aucune infraction au code de l’environnement provincial n’a été relevée. En revanche, une infraction pour dissimulation d’activité et deux infractions pour travail dissimulé d’emploi salarié ont été constatées. La loi sociale, elle aussi, s’applique sans exception.
Aires protégées et quotas : un cadre strict pour préserver la ressource
La province Sud s’est dotée d’un réseau d’aires protégées accessible librement mais strictement réglementé. Leur finalité est claire : préserver la biodiversité, maintenir les équilibres écologiques et protéger un patrimoine naturel commun, sans céder à l’angélisme.
Quatre catégories structurent ces espaces :
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Réserves naturelles intégrales : accès strictement interdit
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Réserves naturelles : accès autorisé avec interdictions spécifiques
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Aires de gestion durable des ressources : activités encadrées
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Parcs provinciaux
En matière de pêche maritime, le code de l’environnement fixe des règles claires. Le quota général est de 40 kilos de produits de la mer, hors espèces pélagiques. Ce plafond s’applique par jour, par bateau ou par pêcheur à pied, quelle que soit la durée ou le nombre de sorties. Crustacés, coquillages, mollusques et poissons sont concernés, y compris tazars et vivaneaux.
Pour les espèces pélagiques, la limite est fixée à 15 individus par bateau et par sortie. Sont notamment concernés : wahoo, mahi-mahi, bonites, thons, espadons voiliers, marlins et espadons. Dépasser ces seuils n’est pas une simple entorse : c’est une infraction pénale.
Les sanctions sont à la hauteur des enjeux. Pêcher hors quotas expose à une amende pouvant atteindre 2 684 000 francs CFP, avec confiscation possible du matériel. La fermeté n’est pas un choix idéologique, c’est une nécessité écologique.
Matériels, espèces et sanctions : tolérance zéro face aux infractions
La réglementation encadre strictement le matériel de pêche autorisé. Sont admis : lignes à hameçons, palangres limitées à 30 hameçons, harpons, fusils sous-marins, nasses identifiées, éperviers et filets réglementaires. À l’inverse, l’usage d’explosifs, de filets surdimensionnés ou de substances chimiques destructrices comme le sulfate de cuivre est formellement interdit.
Les sanctions sont claires : 180 000 francs CFP pour matériel non réglementaire, 2 684 000 francs CFP pour matériel interdit, avec confiscation systématique possible. La pêche sous-marine obéit aux mêmes exigences : interdiction de nuit, interdiction en bouteille, distance minimale de 50 mètres des dispositifs de concentration de poissons.
La pêche au filet est elle aussi encadrée : pas plus de 50 mètres de longueur, interdiction dans les estuaires, prohibition totale des filets barrages dans les baies, bras de mer et autour des îlots. Là encore, l’amende atteint 180 000 francs CFP en cas d’infraction.
Certaines espèces, en raison de leur reproduction fragile, font l’objet d’une réglementation renforcée : loche, picot, langouste, crabe de palétuvier, bénitier, trocas, huître, holothurie. Leur pêche illégale est passible de 2 684 000 francs CFP d’amende.
Enfin, les espèces strictement protégées bénéficient d’un statut sans ambiguïté. Tortues marines, dugongs, baleines, requins protégés, napoléons, perroquets à bosse, coquillages rares : pêche, détention et consommation sont interdites. Toute atteinte expose à une amende de 1 780 000 francs CFP.
L’opération COTAF rappelle une vérité simple : il n’y a pas de protection de l’environnement sans autorité, ni de justice sociale sans contrôles. La mer calédonienne n’est ni un libre-service ni une zone de non-droit. Face aux abus, l’État assume, contrôle et sanctionne. C’est ainsi que se protège durablement la ressource, au service des pêcheurs responsables et de l’intérêt général.


















