Emmanuel Macron a annoncé, le 21 décembre, que les armées tricolores seraient équipées d’un porte-avions de nouvelle génération à l’horizon 2040. Le dernier né d’une tradition française.

Disposer d’un porte-avions est le signe d’une grande puissance. Plus qu’un navire militaire, capable de projeter des aéronefs jusqu’au bout du monde, ces géants d’acier sont également des outils de diplomatie : ils permettent, par leur simple présence, d’exercer une pression.
Si la Chine vient tout juste de mettre en service son troisième porte-avions, elle ne dispose pas pour autant du savoir nécessaire pour l’équiper d’un réacteur nucléaire. À ce jour, seuls les États-Unis et la France en disposent – et cela change tout : avec une propulsion à l’atome, le navire peut aller plus loin et plus longtemps, sans avoir besoin d’être rechargé constamment en carburant. Ce dimanche 21 décembre, Emmanuel Macron a annoncé le lancement du successeur du Charles de Gaulle, précisant que ce dernier disposerait bien d’un réacteur nucléaire. Ce porte-avions nouvelle génération sera équipé de catapultes électromagnétiques dernier cri et sera le plus grand bâtiment militaire jamais construit en Europe. Avant son arrivée, à l’horizon 2040, la Marine nationale a navigué avec des navires qui, déjà à l’époque, battaient des records.
5. Béarn, le pionnier
Mis en service en 1927, le Béarn entre dans l’histoire comme le tout premier porte-avions français, un vrai pari à une époque où l’aviation navale en est encore à ses balbutiements. Issu de la transformation d’un cuirassé abandonné après la Première Guerre mondiale, ce mastodonte de 182 mètres de long, pour près de 22 000 tonnes, pouvait embarquer jusqu’à 40 avions sur son pont d’envol. Symbole d’une Marine nationale en quête de modernité, le Béarn ouvre la voie à une nouvelle manière de faire la guerre en mer.
Trop lent et vite dépassé par les standards de la Seconde Guerre mondiale, il ne participe pas aux grandes batailles aéronavales mais joue un rôle crucial dans l’ombre : transport stratégique d’avions, de matériel et de pilotes, notamment vers l’Amérique et les colonies françaises. Un rôle discret mais vital. Relégué à des missions secondaires, le pionnier tire sa révérence en 1967. Le Béarn n’a jamais été une star du combat, mais il reste la pierre fondatrice de l’aéronavale française.
4. Arromanches, le retour de la force
Mis en service en 1946, l’Arromanches incarne le retour en force de la Marine nationale après la Seconde Guerre mondiale. Mais attention : ce navire n’est pas conçu par la France, mais est l’ancien porte-avions britannique HMS Colossus. Initialement loué au Royaume-Uni, il devient rapidement le cœur battant de l’aéronavale française. Long de 211 mètres, capable d’embarquer plus de 20 avions, il offre à la France un outil de projection moderne à une époque où la puissance se joue désormais depuis les airs. L’Arromanches n’est pas un porte-avions de parade : il combat.
En Indochine, il appuie les opérations françaises, puis s’illustre lors de la crise de Suez en 1956, lançant ses avions contre des objectifs égyptiens. Présent également durant la guerre d’Algérie, il garantit à la France une présence sur toutes les mers. Modernisé, endurant, omniprésent, il sert près de 30 ans avant son retrait en 1974. L’Arromanches, c’est le porte-avions qui a fait entrer la France dans l’ère des conflits modernes, celui qui a permis à la Marine nationale de s’entraîner sur du matériel moderne, avant l’entrée en service de deux porte-avions mythiques…
3. Foch, le petit frère
Mis en service en 1963, le Foch incarne la France qui entend peser sur la scène mondiale en pleine guerre froide avec son jumeau, le Clemenceau, entré en service deux ans plus tôt. Long de 265 mètres, déplaçant plus de 32 000 tonnes, ce porte-avions de conception française embarque jusqu’à 40 avions et hélicoptères, armés pour la chasse, l’attaque au sol et la reconnaissance, projetés par catapultes depuis son pont d’envol. Véritable base aérienne flottante, il permet à Paris de frapper loin, sans dépendre d’aucun allié.
Pendant près de 40 ans, le navire est de tous les théâtres sensibles : Liban, Golfe Persique, océan Indien, ex-Yougoslavie, assurant frappes, dissuasion et présence militaire. Plus qu’un navire, c’est un outil stratégique et diplomatique, symbole d’une France autonome et crédible sur les mers. Retiré du service en 2000 et vendu au Brésil, le Foch laisse la place au Charles de Gaulle. Au retour de sa dernière mission opérationnelle, le vaisseau a parcouru, en 37 ans de carrière, un peu plus de 1 000 000 de milles nautiques et 3 000 jours de mer.
2. Clemenceau, le renouveau
Mis en service en 1961, le Clemenceau marque l’entrée de la France dans la cour des grandes puissances aéronavales en pleine guerre froide. Premier porte-avions de conception nationale, il impose un nouveau standard. Long de 265 mètres, déplaçant plus de 32 000 tonnes, il peut embarquer jusqu’à 40 avions et hélicoptères, projetés par catapultes, capables d’assurer défense aérienne, frappes en profondeur et reconnaissance. Véritable base aérienne mobile, le navire permet à la France d’intervenir loin de ses côtes, en toute autonomie.
Le Clemenceau fait entrer la France dans la cour des grands
Présent sur les grandes zones de tension, de la Méditerranée à l’océan Indien, il participe à des missions de surveillance et d’appui lors de crises internationales majeures, notamment au Liban et dans le Golfe. Navire amiral de la Marine nationale pendant des décennies, il assure à la France une capacité de dissuasion, avec des avions équipés de la bombe nucléaire. Retiré du service en 1997, le porte-avions a totalisé à l’issue de sa carrière la somme impressionnante de plus d’un million de milles nautiques parcourus, soit 48 fois le tour du globe.
1. Charles de Gaulle, l’incontournable
Entré en service en 2001, le grand Charles est le navire qui projette la France sur les mers pour le XXIe siècle : il est le fleuron de la Marine nationale et le premier porte-avions à propulsion nucléaire français, unique en Europe. Long de 261 mètres et déplaçant plus de 42 000 tonnes, il embarque environ 40 aéronefs (chasseurs Rafale Marine et avions de surveillance Hawkeye), tous lancés par catapultes, capables de mener des missions de supériorité aérienne, de frappes au sol, de reconnaissance et de dissuasion nucléaire.
Sa propulsion à l’atome lui permet de rester en mer longtemps sans ravitaillement en carburant, offrant une autonomie stratégique unique. Depuis sa mise en service, le Charles de Gaulle a été engagé sur tous les principaux théâtres d’opérations : Afghanistan, Irak, Syrie, ainsi qu’en Méditerranée, dans l’océan Indien et en Atlantique, participant à des missions de combat, de dissuasion et d’appui humanitaire. Véritable base aérienne flottante, il permet à la France d’intervenir rapidement et de manière autonome, sans dépendre de bases à terre ou d’alliés. En service jusqu’à l’horizon 2040, il restera jusqu’à cette date le pilier de la puissance navale française.
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