Deux mille sept cents hectares partis en fumée en quelques jours.
À l’Île des Pins, l’incendie de début décembre a rappelé une vérité brutale : le feu ne pardonne rien et détruit tout.
Un désastre écologique qui n’a rien d’un accident
Début décembre, près de 2 700 hectares de forêts ont été ravagés à l’Île des Pins, joyau naturel de la Nouvelle-Calédonie.
Un choc environnemental majeur, loin d’être isolé, qui illustre l’ampleur du fléau des feux de forêt en province Sud.
La collectivité le rappelle sans détour : le feu tue notre environnement, aggrave les sécheresses et pollue durablement la ressource en eau.
Contrairement à certains discours relativistes, les chiffres sont sans appel : les incendies impactent quarante fois plus les milieux naturels que l’activité minière.
En Nouvelle-Calédonie, les feux de brousse constituent la première menace pour la biodiversité, bien avant l’exploitation du sous-sol.
Un constat factuel, étayé par des années de suivis environnementaux.
Autre vérité dérangeante : les feux sont presque exclusivement d’origine humaine.
Écobuage mal maîtrisé, imprudence, négligence ou acte volontaire : la responsabilité humaine est engagée dans la quasi-totalité des départs de feu.
Feux de brousse : une réglementation claire, des règles non négociables
Face à ce fléau, la province Sud n’a jamais laissé place au flou.
Le code de l’environnement encadre strictement l’usage du feu, notamment dans les aires protégées.
Dans les réserves naturelles intégrales, la règle est simple : tout feu est strictement interdit, sans aucune dérogation possible.
Dans les réserves naturelles, les aires de gestion durable des ressources et certains parcs provinciaux, les feux ne sont tolérés que dans des aménagements publics prévus à cet effet et peuvent être interdits à tout moment selon le niveau de risque.
En dehors de ces zones, tout allumage de feu engage la responsabilité directe de son auteur.
Les feux de destruction d’herbes et de broussailles, ainsi que les écobuages agricoles, ne sont autorisés que du 1er janvier au 30 septembre, et uniquement au-delà de 20 mètres des habitations.
Aucune excuse n’est recevable : un mégot mal éteint ou un barbecue abandonné peuvent suffire à déclencher une catastrophe.
La province Sud rappelle également que des arrêtés communaux ou territoriaux peuvent renforcer ces interdictions, en fonction des conditions climatiques.
Prévention, sanctions et moyens renforcés : la ligne de fermeté assumée
Depuis 2014, la province Sud a engagé une politique structurée de protection des massifs forestiers sensibles.
Cette démarche s’est traduite par l’élaboration de plans de protection des forêts contre les feux (PPFF) sur les zones les plus exposées.
Les premiers massifs concernés sont la Montagne des Sources, le Grand Sud et la Rivière Bleue, sur les communes de Païta, Dumbéa, Mont-Dore et Yaté.
Ces plans prévoient prévention, surveillance, amélioration de la lutte, adaptation réglementaire et réparation des dégâts.
La fermeté passe aussi par des sanctions pénales dissuasives, clairement établies par le code pénal :
– Incendie involontaire : jusqu’à 1 an de prison et 1 789 950 F d’amende
– Incendie volontaire : jusqu’à 10 ans de prison et 17 899 500 F d’amende
– Incendie volontaire avec dommage irréversible à l’environnement : jusqu’à 15 ans de prison et 17 899 500 F d’amende
Des peines lourdes, assumées, car la protection de l’environnement n’est pas négociable.
Créée en 2020, la Brigade provinciale forestière incarne cette stratégie de terrain.
Composée d’agents formés et équipés, elle surveille les massifs forestiers, sensibilise le public et intervient en renfort des pompiers lors des incendies majeurs.
Son action est coordonnée avec la DSCGR, notamment durant la saison sèche, les week-ends et les périodes de vacances scolaires.
Elle dispose d’équipements cofinancés par l’État, dans le cadre du Contrat de développement État–province Sud.
La province investit également dans l’entretien minimaliste des pistes forestières, l’amélioration des points d’eau pour les hélicoptères bombardiers d’eau et la régulation de l’accès du public lors des périodes à haut risque.
Ces travaux sont réalisés sans dénaturer les sites, avec un souci constant de préservation des milieux naturels.
Dans le Grand Sud, plusieurs réserves et le parc provincial de la Rivière Bleue témoignent de ce que des forêts protégées peuvent offrir d’exceptionnel à l’homme.
La région des Lacs du Grand Sud, classée Ramsar depuis 2014, est aujourd’hui plus que jamais sous vigilance.
Face au réchauffement climatique et à l’exemple australien, la prévention n’est plus une option mais une obligation collective.
Préserver nos forêts, c’est refuser la négligence, assumer la responsabilité et appliquer la loi sans faiblesse.
















